Tristes histoires de violence sur conjoint
Les juges du tribunal de Chaumont ont eu à examiner cette semaine deux affaires de violence sur conjoint. Des violences sur fond de grandes difficultés sociales et psychologiques.
« Je ne me rappelle plus de mon adresse… » Sous tutelle, divorcé, bénéficiaire d’une Allocation adulte handicapé (AAH), dans l’attente d’une place dans un Etablissement et service d’aide par le travail (Esat), Francis C, présumé innocent, est appelé à répondre de l’accusation de violence sans incapacité par une personne étant ou ayant été conjoint, concubin, ou partenaire lié à la victime. Ces violences auraient été commises le 11 mars 2023, à Langres, au domicile d’une femme présentant elle aussi une particulière fragilité.
Présenté, en comparution immédiate, devant le tribunal correctionnel, le prévenu aura fait valoir son droit à disposer d’un délai afin de préparer sa défense. Le tribunal fut amené à juger de la nature des mesures de sûreté mises en place dans l’attente d’un examen du dossier fixé au 3 avril 2023.
« Monsieur est en état de récidive légale suite à une condamnation prononcée le 14 mai 2018, les faits ont été reconnus, ils ont été commis sous l’état d’un empire alcoolique, le risque de réitération des faits existe, le risque de pressions sur la victime également, monsieur peut par ailleurs être dangereux pour lui-même », nota le procureur Djindian afin d’asseoir sa demande de placement en détention provisoire.
« Monsieur rencontre de grosses difficultés médicales et personnelles, cet homme souffre d’un retard mental extrêmement important. (…) Madame réside à Langres, monsieur réside à Joinville, il se déplace à vélo, la distance entre Joinville et Langres me semble assez importante pour s’assurer de l’absence de contact. Un placement sous contrôle judiciaire me semblerait suffisant », répliqua Me Beis.
La défense fut entendue. Placé sous contrôle judiciaire, appelé à pointer une fois par semaine à la gendarmerie de Joinville, le prévenu est visé par une interdiction de contact avec la plaignante. Fragile, cette dernière, manifestement terrassée à l’idée de mettre monsieur en difficulté, s’effondra, en pleurs, avant d’être rapidement prise en charge par les personnels de sécurité du Tribunal judiciaire (TJ).
Madame a frappé la première
Nouveau dossier. C’est rare, mais ça arrive, madame a frappé la première, à Chaumont, le 11 mars au soir. Sous curatelle renforcée, sans profession, bénéficiaire, elle aussi, d’une AAH, souffrant d’un « délire interprétatif passionnel de jalousie », Andgy D le concède… « A chaque fois, on se dispute et on se tape dessus, je préfère que ça s’arrête, ce n’est plus vivable ». La jeune femme reconnut avoir par le passé « griffé » son compagnon à l’aide d’un couteau.
Egalement décidé à mettre un terme à cette « relation toxique », en état de récidive légale suite à une condamnation prononcée en novembre 2022, Damien G reconnut quant à lui avoir porté des coups à sa compagne après avoir essuyé une gifle.
« Madame n’a plus de médecin, elle ne suit plus sont traitement, le problème est médical », nota Me Aïdan au nom de madame. « Monsieur est dépassé par les difficultés de madame, monsieur n’est pas armé pour faire face à cette situation, il aime comme on aime quand on a 20 ans, quand on est assez seul, de façon déraisonnable », poursuivit Me Beis au nom de monsieur.
Décisions ? Trois mois de prison pour Andgy D, peine intégralement assortie d’un sursis probatoire comprenant une obligation de soins et une interdiction de contact avec Damien G. Ce dernier a quant à lui écopé d’une peine de quatre mois de prison, là encore intégralement assortie d’un sursis probatoire. Invité à ne plus entrer en contact avec Andgy D, le condamné est par ailleurs appelé à honorer dans un délai de 18 mois 70 h de Travail d’intérêt général (TIG).
T. Bo.