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Tribunal : le « Very bad trip » d’une intrusion dans un collège privé de Saint-Dizier

(Photo N. F.)

Ivre, un Bragard a pénétré dans un établissement scolaire de Saint-Dizier, avant de s’en prendre à des collégiens et de s’opposer aux policiers partis à sa poursuite. A la dérive, le jeune homme a été condamné à 18 mois de prison ferme.

Une bouteille de vodka, ça ne pardonne pas. La justice non plus. Yacine A. l’a appris à ses dépens. Le 24 novembre, à Saint-Dizier, le jeune homme échangeait quelques mots doux avec son ancienne compagne aux abords de l’Estic, établissement scolaire privé basé sur le projet salésien, une démarché éducative privilégiant une approche préventive à un doctrine répressive.

Soudain, monsieur décide de franchir la barrière donnant accès à l’établissement, « pour uriner », peut-être, ou peut-être encore en réponse aux invectives de collégiens choqués par l’altercation entre anciens amants. Yacine A. en vint à pénétrer dans l’internat avant de contraindre trois collégiens à rester cloîtrés en sa compagnie dans une chambre. Le Bragard a veillé à déplacer une armoire afin d’empêcher l’accès à la chambrée. Une porte de salle de bain et une fenêtre seront dégradées. Un collégien sera saisi par le col et « collé au mur ».

Policiers mordus

L’alerte est rapidement donnée. Yacine A. prend ses jambes à son cou. Son ivresse n’entame manifestement pas la fluidité de sa foulée. Dans sa course, le Bragard s’empare d’un jeu de clés laissé sur une porte avant de trouver refuge chez le père de son ancienne compagne.

Les policiers sont aux trousses du fugitif. Un homme au langage fleuri, pour le moins. Les fonctionnaires essuient un flot d’insultes. Une forme d’égalité des sexes s’impose. « Fils de pute » pour un fonctionnaire, « espèce de salope », pour une fonctionnaire.

Yacine A. se rebelle. Deux policiers sont mordus. Le Bragard se montre grossier durant son transfert au commissariat. Une fois en geôle, ça continue. Au petit matin, place à une forme de stupéfaction. Il est temps de l’assumer cette beuverie à la “Very Bad Trip”.

Présenté, lundi 28 novembre 2022, devant le tribunal correctionnel dans le cadre d’une comparution immédiate, le jeune homme, âgé de 19 ans, aura répété avoir des souvenirs parcellaires des faits. Tout en reconnaissant pleinement sa culpabilité comme l’aura rappelé Me Lalloz. « J’étais fortement alcoolisé, je ne me souviens plus très bien. (…) J’ai été choqué en apprenant ce que j’avais pu faire, c’est grave, je m’excuse, je ne voulais pas traumatiser les élèves ».

« Ici, on écoute »

La personnalité du prévenu interroge. Le Bragard ne travaille plus depuis « deux ou trois mois », le jeune homme consent avoir un problème avec l’alcool et le cannabis, le tout payé avec l’argent de « maman et papa ».

Et puis, surtout, déjà condamné par le passé par le tribunal pour enfants, Yacine A. a été condamné à quatre reprises ces onze derniers mois, deux autres réponses pénales ont été apportées dans le même temps. L’expression d’une dérive.

« Ici, c’est le tribunal, ce n’est pas l’école, ici, on écoute », tonna le procureur Cecoltan. « Six policiers attendent une réponse pénale à la hauteur de la gravité des faits. (…) Ces policiers n’ont pas accepté d’embrasser la profession pour subir des violences, pour devenirs des victimes », poursuivit Me Desdoits-Venturi, conseil des policiers outragés ou violentés.

« Le but de monsieur n’était pas de traumatiser des enfants et de violenter des policiers, il était saoul, on connaît le refrain, saoul, ça insulte, ça s’agite. (…) Monsieur a travaillé 18 mois en CDD, il a un rendez-vous demain pour un entretien d’embauche. (…) Le juge d’application des peines sollicite une révocation d’une précédente peine avec sursis, madame le juge faisant partie de la composition de ce tribunal, j’ai un faible espoir. (…) Les policiers savent ce qu’est un homme saoul, ils savent que les propos tenus par un homme saoul restent les propos d’un homme saoul », souligna Me Lalloz au nom du prévenu.

Décision ? Douze mois de prison ferme et révocation à hauteur de six mois d’une précédente peine avec sursis. Le tout agrémenté d’un maintien en détention. Yacine A. devra par ailleurs indemniser les préjudices subis par six policiers à hauteur globale de 3 600 euros auxquels s’ajoutent 900 euros de frais de représentation des fonctionnaires.

T. Bo.

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