Tremblement de terre
Après Roger Federer, avant le tournoi, le tremblement de terre a secoué la terre de Roland-Garros, hier, avec l’annonce du forfait de Rafael Nadal, blessé au poignet gauche. La mort dans l’âme, la mine défaite, le Majorquin, nonuple vainqueur, a dû se résoudre à la sagesse. La voie semble ouverte pour Novak Djokovic. Et Andy Murray.
Hier, vers 16 h 50, durant le match de Richard Gasquet, Rafael Nadal, qui n’était pas au programme des matches, est annoncé en conférence de presse. Stupeur ! Le Majorquin aux 14 Grands chelems, pas épargné ces dernières années par les blessures (pied gauche, poignet droit, genou…), et qui jouait avec un strapping à la main gauche depuis le début du tournoi, annonce son retrait. Le roi aux neuf couronnes en onze participations, avant cette maudite édition 2016, souffre depuis quelques semaines du poignet gauche.
Hier, la douleur a empiré et le prince de la Porte d’Auteuil, qui revenait bien, avec des titres cette saison à Barcelone et Monte-Carlo, et une finale à Doha, a été contraint d’écouter le corps médical, même s’il voulait attendre le dernier moment pour confirmer sa présence sur le court contre son compatriote Marcel Granollers. Avec une attelle au poignet gauche, accompagné de Guy Forget, le directeur du tournoi, Nadal, le visage crispé, bien loin de ses sourires d’après finale, a annoncé le visage crispé sa décision de se retirer du tournoi. La faute à un poignet gauche qui le gêne depuis son quart de finale à Madrid face à Sousa. «Ce matin (hier), je voulais toujours gagner ce tournoi. Mais les médecins m’ont dit que ce n’était pas pos- sible, que mon poignet sera à 100 % cassé si je continue le tournoi. Je suis obligé de prendre cette décision très difficile pour moi. Cela fait partie de ma vie, de ma carrière. Je suis arrivé ici avec une douleur légère, un niveau de douleur gérable, mais cela a empiré jour après jour. Nous avons tenté tous les soins possibles, nous avons passé de nombreuses heures ici à essayer de jouer. Hier (jeudi), j’ai joué avec une piqûre d’anesthésiant pour endormir le poignet (infiltration), pour que je puisse jouer. Je suis venu ici, nous avons fait une IRM, une échographie, et les résultats sont négatifs», a déclaré “Rafa”, dépité.
Il a dû se résoudre aux conseils des médecins. «Pour gagner ce tournoi, il me faut cinq matches de plus. Les médecins m’ont dit que c’était complètement impossible. Je suis obligé de prendre cette décision très, très difficile. Je vais essayer de revenir aussi vite que possible et de revenir l’année prochaine, pour tenter de gagner.»
«Le tournoi en fait les frais»
Pour Guy Forget, qui enchaîne les tuiles pour sa première comme directeur de tournoi, «il y a beaucoup de tristesse. On connaît la relation qu’entretient Rafa avec ce tournoi, le public, les organisateurs. C’est le plus grand ici et l’un des plus grands champions de l’histoire. Il y a un risque que le tendon claque et qu’il soit sur le flanc au moins six mois. La décision est sage. Il est déjà en phase de rééducation et de récupération. Tous les joueurs jouent avec des petits bobos. On pense à Del Potro ou plus récemment à Federer. Il faut accepter la fatalité. C’est sûr qu’à bientôt 30 ans, on récupère moins bien qu’à 22. La brutalité des coups, des changements d’appuis, notamment sur dur, les raquettes en carbone, les cordages rigides, tout cela peut amener des dou- leurs. Le tournoi en fait les frais. Rafa est l’un de nos meilleurs ambassadeurs.»
Avec Federer et Nadal sortis pour la première fois par forfait sur le même Grand chelem, la voie semble ouverte pour le premier succès de Novak
Djokovic, qui a régulièrement trébuché contre le Manacorien. Ou de l’Ecossais Andy Murray. Les deux hommes pourraient se retrouver dimanche 5 juin, en finale. Au revoir “Rafa” et à bientôt. Peut-être à Wimbledon.
Nicolas Chapon