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Travailler la graine destinée aux humains à Rochefort et Mennouveaux

Aux côtés de Florent Renard, Walter Kihm est arrivé au sein du groupe avec l’idée de valorisation des graines bio.

Filière. Après le recours à une agronomie de précision et le passage au bio, naturellement, l’étape d’après est de maîtriser la transformation. A Rochefort-la-Côte et Mennouveaux, elle est en train d’être franchie sur sept exploitations regroupées ensemble. Elles sécheront, trieront, mettront en condition les graines bio destinées à l’alimentation.

Pour illustrer le partenariat signé entre l’Agglomération de Chaumont et la Chambre d’agriculture (voir encadré), Jean-Paul Kihm a ouvert les portes de son exploitation à Rochefort-sur-la-Côte.

Aux côtés de son fils Walter et de Florent Renard, il a présenté les options prises par les différents associés en matière d’environnement et de filière courte. Il a ainsi été question du groupement d’intérêt économique et environnemental Agro éco précis (voir encadré) et du groupement Mennourroche pour Mennouveaux et Rochefort.

Concrètement, il s’agit pour sept exploitations de sécuriser les débouchés pour les systèmes bio du territoire. L’idée est de traiter les récoltes avec du triage, du séchage, du stockage et donc de la mise en condition avec ensachage pour une commercialisation destinée à la consommation humaine.

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Jean-Paul Kihm explique la démarche d’origine pour arriver au bio.

Walter Kihm qui est arrivé avec ce projet évoque les graines de moutarde, les haricots rouges, les pois, les lentilles, l’épeautre, le sarrasin « en petits volumes »… soit 20 cultures différentes. Il est prévu de travailler 3 000 tonnes de graines alimentaires biologiques et 120 tonnes de semences de luzerne et trèfle. Mais, Mennouroche proposera, en plus, des prestations de service à d’autres agriculteurs bio à hauteur de 3 000 tonnes par an. Ils sont 17 pour 1 500 ha.

Pour la réalisation, des investissements se font sur deux sites. A Mennouveaux sur 1 000 m2 avec un séchoir, un nettoyeur, un boisseau, quatre cellules de stockage et investissement de 1,4 million d’euros. A Rochefort sur 3 000 m2 avec un séchoir, une chaine de tri, huit petites cellules pour 1 500 tonnes de stockage, 500 tonnes de stockage en big bag, deux chaines de conditionnement et un moulin. Le tout pour un investissement de plus de 2,3 millions d’euros fiancés via des aides de la Région, l’agence d’eau seine Normandie et un emprunt.

La plus-value économique est de fournir 700 000 € de prestations par an aux associés et à des exploitations tierces. Trois emplois seront ainsi créés. La marge pour les sept exploitations associées sera d’environ 138 000 € soit 45 € la tonne.

Frédéric Thévenin

L’agro éco et précis

Fondé en 2015, le groupement d’intérêt économique et environnemental Agro éco précis regroupe quinze exploitations du Barrois. Et comme, d’après Jean-Paul Kihm, « le coopératif est source de solutions » avec la Chambre d’agriculture, Dijon Céréales et Horsch, le projet commun s’est effectué dans le but de préserver leurs sols. Les axes choisis : la réduction des intrants grâce au semis direct, la qualité de l’eau, la préservation des captages d’eau…

Les deux valeurs jugées fondamentales par Jean-Paul Kihm est « le respect des spécificités de chacun dans l’action collective et le développement et l’utilisation des progrès technologiques et techniques ».

Le GIEE a mis en place des axes de travail comme le partage de matériel et la mutualisation de la main-d’œuvre. Des actions en découlent : une cartographie précise pour une modulation parcellaire, des investissements à hauteur de près d’un million d’euros pour du matériel qui permet de limiter les interventions (semoir de précision et outils de maîtrise des adventices) et la mise en place d’essais en désherbage mécanique, en semis associés et en mélanges culturaux. Une vingtaine d’essais a déjà été réalisé.

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Jean-Paul Kihm explique que « grâce à la maîtrise de ces outils, le passage au bio est venu naturellement ». Sur les 3 200 ha des quinze exploitations, 800 ont été convertis en 2018 pour arriver à 1 570 ha en 2019 dont 324 en aire de captage à Roôcourt, Foulain et sur le bassin de la Meuse.

Sept exploitations sur les 15 sont ainsi concernées par le bio avec l’achat de matériels spécifiques (écimeuse, herse étrille, bineuse…), la mise en place d’essais de nouvelles cultures (haricots rouges, pois chiche, lentilles beluga, chanvre…) et 6à % de la surface agricole se font en mélanges et cultures associées.

Cette année, en 2022, la récolte s’effectue en 100 % bio sur ces sept exploitations avec un nouveau besoin qui s’est fait sentir : « des équipements de stabilisation et de stockage des récoltes adaptés au nouveau système cultural et pour des graines destinées à l’alimentation humaine » d’où la création du GIE Mennouroche.

Une convention « lucide » entre l’Agglo et la Chambre

Cette journée de présentation des enjeux du territoire a été l’occasion, pour la Chambre d’agriculture et l’Agglomération de Chaumont, de signer une convention de partenariat. L’idée est de faire émerger des projets territoriaux, de partager des informations et des connaissances, de mener conjointement des actions de communication auprès du grand public et d’assurer la prise en compte des enjeux de l’agriculture du territoire dans les politiques menées par l’Agglo.

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!!! A mettre avec encadré Une convention « lucide » entre l’Agglo et la Chambre !!!! Mennouroche comble l’envie d’investir pour une bonne valorisation durable des récoltes en filière courte.

Stéphane Martinelli, le président de l’Agglo, précise que rien ne se fera sans une agriculture économiquement viable et, plus particulièrement, depuis les crises sanitaires et géopolitiques qui ont bouleversé les équilibres mondiaux. Pour lui, la souveraineté agricole est devenue primordiale.

Les interactions possibles entre les deux structures portent sur des sujets comme la biodiversité, la qualité de l’air et l’eau avec, notamment la préservation des points de captage et le traitement des eaux usées.

Autre sujet commun : les énergies renouvelables conjuguées avec le développement durable. Là encore, Stéphane Martinelli tient à la prise en compte des impacts environnementaux et à la préservation des terres agricoles. Pour cela, il évoque la charte mise en place en Haute-Marne, la plan climat énergie territorial et le plan local d’urbanisme dans lequel aucune terre agricole ne doit être artificialisée.

Ultime sujet commun à l’Agglo et à la Chambre : l’alimentation locale et les circuits courts. Dans ce domaine, les élus de la collectivité n’ont pas retenu le « 100 % bio si c’est pour que les prestataires s’approvisionnent en Italie ou en Espagne ». De la même manière, ils n’ont pas retenu le 100 % circuit court si c’est pour aller chercher des produits à 900 km. Quelles sont les vertus écologiques dans ces démarches ? Ainsi, l’Agglo veut avancer à un rythme adapté au territoire.

Stéphane Martinelli veut faire preuve de lucidité : « nous ne mettrons pas en place un système où les Haut-Marnais ne mangeront que du Haut-Marnais ou dans lequel l’agriculture haut-marnaise ne nourrira que la Haute-Marne. Ce n’est pas possible avec 170 000 habitants ».

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