Transports scolaires : parents qui rient, parents qui pleurent
Souvenez-vous, le dernier conseil d’Agglo de Chaumont a acté le renouvellement de la délégation de service public de Kéolis. Le transporteur a en effet emporté l’appel d’offres de la collectivité, dont le cahier des charges prévoyait des économies XXL. Pour que leurs enfants utilisent le bus dès la rentrée scolaire, des parents rient, d’autres pleurent.
« J’avais demandé à reprendre à la Région la compétence transports scolaires mi 2023 au lieu de mi 2022 pour que ça coïncide avec le renouvellement de la délégation de service public pour les transports ». Voilà pour le motif du « retard » de l’Agglo de Chaumont à récupérer les rênes des bus (la quasi-totalité), indique son président Stéphane Martinelli. On sait qu’en conséquence, des changements dans l’organisation des transports dans l’Agglo sont intervenus, dont les tarifs d’abonnement (jhm quotidien du 5 juillet). Le responsable de Kéolis avait expliqué avoir dû proposer une offre qui convienne à un cahier des charges qui priorisait une économie de 1,2 M € par an, pendant 5 ans. Philippe Urli avait ains estimé que le principe d’ « équité territoriale » avait prévalu dans le réponse du transporteur.
Le principe de l’harmonisation
Pour faire court, désormais, selon la ville dans laquelle elles vivent, des familles vont payer moins cher le transport scolaire de leurs enfants, et d’autres vont commencer à le payer quand il était gratuit. « On a repris le tarif harmonisé de la Région », résume Stéphane Martinelli. Qui précise qu’il concerne exclusivement les collégiens et les lycéens, dont la quasi-totalité des parents devront s’acquitter de 94 € par enfant et par an : pour les enfants de maternelle et de primaire, le bus reste gratuit.
Pour rappel, ce « tarif harmonisé », que « la loi impose (à la collectivité) », glisse le président Martinelli, remplace précisément la différenciation qui avait cours : selon son lieu d’habitation sur les terres de la collectivité, le prix était ou bien de 144 €, ou bien d’environ 300 € (en mixant train et bus) ou bien il était nul.
Attention, l’abonnement à 94 € comprend un trajet maison-établissement scolaire-maison les jours de classe. Les parents peuvent choisir de continuer à régler 144 €, tarif qui ouvre droit à l’utilisation permanente du bus sur des trajets urbains. De la sorte, entre deux cours, les élèves peuvent rejoindre le centre-ville de Chaumont par exemple sans avoir à acheter un ticket -s’ils savent qu’ils en auront un usage régulier ; autrement, ils en achètent à l’unité.
Ça chouine à Colombey
« Oui, ça chouine à Colombey-les-Deux-Églises ». La réduction du nombre de navettes entre la cité et Chaumont a en effet encore diminué avec le renouvellement de la DSP. Stéphane Martinelli convoque alors l’histoire : « Avant la fusion de Colombey dans l’Agglo (2017, NDLR), il y en avait sept. Sous la présidence de Christine Guillemy, ce chiffre a été ramené à cinq. Je l’ai moi-même réduit après la période Covid ». L’organisation actuelle fait attendre les élèves de 16 h à 17 h pour rentrer chez eux, poursuit le président. Qui rappelle qu’ « à 70 000 € la ligne Colombey-Chaumont par an », c’est en somme acceptable. Car il y a un moment, poursuit-il, où l’on ne peut plus justifier pareille dépense sans accepter ce type de delta. Conjointement, il prend un exemple avantageux, ailleurs, puisque la réflexion devait porter sur l’ensemble des terres de l’Agglo. « À Ninville, les parents déposaient les lycéens à Nogent, où ils prenaient le bus pour Chaumot. Ça leur coûtait environ 300 €. Aujourd’hui, ils vont payer 94 € ».
Pas de tarif famille
« Il n’y a pas de tarif famille ». En clair, qu’elles aient un, deux ou trois enfants, elles s’acquitteront du prix d’un abonnement par enfant sans pouvoir espérer de « prix de gros ». Stéphane Martinelli insiste : « ce tarif de 94 €, c’est 7 à 8% de notre dépense ». Comprendre : le moins que l’on puisse dire, c’est que la collectivité ne saigne pas les parents. Et quand on prend la peine de lisser sur l’année le prix de l’abonnement, un voyage leur revient à « quelques cents d’euros ». Aussi, le président « ne voit pas » comment le service rendu pourrait être moins cher. Si « c’est en effet une charge pour les parents, dans le même temps, c’est une dépense modeste au regard de ce que ce transport coûte à l’Agglo ». Certes, chez les familles nombreuses, ladite charge s’alourdit. « Elles peuvent se rapprocher des communes qui ont un CCAS », pointe-t-il.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr