Transport : des solutions pour réduire la tension
Face à la pénurie de chauffeurs, les énergies se fédèrent. Depuis le début de l’année, il est même possible de passer son permis de transport en commun dès l’âge de 18 ans. Ce qui est déjà le cas à Chaumont.
Gérant de la société chaumontaise Promoroute Formation, Florian Champonnois est à même de porter un regard averti sur la pénurie de chauffeurs, tant chez les transporteurs de voyageurs que de marchandises. « Les deux secteurs sont très en tension », confirme le professionnel, qui est fréquemment contacté par des entreprises pour savoir si des apprentis chauffeurs sont en fin de formation et donc susceptibles d’être recrutés. Car la réalité est là : toute personne reconnue apte à conduire un poids lourd, un super poids lourd ou un car trouve du travail à l’issue de sa formation.
A condition toutefois de patienter quelques semaines, et c’est là un problème pointé du doigt par Florian Champonnois : « Tous ceux qui obtiennent leur permis de conduire (Ndlr : le permis B) peuvent rouler immédiatement. Mais pour un diplôme professionnel, ils doivent attendre un mois, un mois et demi ». La raison ? Des démarches administratives. Réduire ce délai est un souhait formulé depuis de nombreuses années par la profession, sans jusque là être entendue.
« Une vocation »
Toutefois, des assouplissements, il y en a déjà eu. Ainsi, pour ouvrir davantage la profession à des personnes motivées, la réglementation permet désormais à un jeune de 18 ans de passer son permis de conduire D (transport en commun), au lieu de 21 ou 24 ans. Une opportunité qu’un jeune Chaumontais, Lukas, n’a pas laissé passer.
Titulaire d’un bac pro transport obtenu aux Franchises à Langres, ce jeune majeur se dirigeait vers un BTS lorsqu’il a appris que son âge n’était plus un obstacle pour pouvoir conduire un car. « Je veux faire ce métier depuis tout petit, explique le jeune Chaumontais. D’ailleurs pour moi, ce n’est pas un métier, c’est une vocation. »
En formation depuis le 19 septembre et jusqu’au 23 décembre chez Promoroute, Lukas sait déjà où il travaillera à l’issue : chez Kéolis à Chaumont.
Lionel Fontaine
Partenariat gagnant-gagnant
Pour faire face à la pénurie, les énergies se fédèrent. C’est ainsi que grâce à un partenariat entre un transporteur s’engageant à recruter un candidat, un organisme de formation, Pôle emploi et la Région, un « parcours qualificatif » est mis en place, incluant notamment formation initiale minimale obligatoire (FIMO) et stage de deux à trois semaines en entreprise. Ce dispositif « marche plutôt bien, cela fait deux fois qu’on organise la formule complète », souligne-t-on au sein de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) de l’Aube.
En cinq à six mois, un demandeur d’emploi, à condition d’être âgé de plus de 18 ans et d’être titulaire du permis B, peut donc obtenir le précieux sésame. Ce qui permet de rendre le secteur du transport de marchandises légèrement moins tendu. Du côté du transport voyageurs, « c’est plus compliqué : dans l’Aube, 50 % des chauffeurs ont plus de 50 ans », reconnaît-on à la FNTR. Quant au transport scolaire, le côté travail à temps partiel ne séduit pas vraiment. « C’est perçu davantage comme un complément d’activité », confirme Florian Champonnois.