Traditions d’Antan (2)

Les murs ont la parole. En ce week-end de fêtes, alors que les familles se retrouvent autour d’un repas chaleureux et que les lumières de Noël scintillent sur nos maisons, souvenons nous de quelques coutumes d’autrefois…

Imaginons-nous un instant à la veillée du 24 décembre avant 1789 et regardons, sans nous faire surprendre, à travers les carreaux d’une fenêtre…  La famille entière est réunie autour de l’âtre, où « claire » un château de bonnes bûches. Au centre des assistants vêtus de leurs beaux habits de fin droguet, cette bonne étoffe sortie des métiers de Brevoines, où la laine se mariait avec le lin, trône la vieille grand-mère. Ses épaules sont recouvertes de cet étrange manteau à large capuchon plissé, qui descend, évidemment, du bardocucullus lingon chanté par Martial. Sa tête est engoncée dans un long et étroit bonnet blanc tuyauté. Sur la huche aux ferrures luisantes, se blottit dans un plat de porcelaine, le légendaire cogneux, ce gâteau de succulente brioche à deux têtes, effigie ingénument fruste du divin bambin emmailloté, lequel attend le retour de la messe de minuit pour faire la joie du réveilIon ! On passe alors en revue tous les chants de Noël du répertoire…

Allons à présent dans le quartier canonial pour évoquer une coutume en usage depuis le XII^e siècle, entre l’évêque et les chanoines. L’évêque devait servir aux chanoines cinq repas appelés « pasts », aux fêtes de Noël, du Jeudi-Saint, de Pâques, de la Saint-Mammès et le jour anniversaire de son sacre. En 1170, Alexandre III, dans une bulle adressée au chapitre, confirme cette redevance. L’évêque pouvait d’ailleurs se racheter de cette obligation, moyennant dix livres tournois pour un repas, sauf à Pâques et à la Saint-Mammès. Les chanoines tenaient beaucoup à celle coutume. On sait que le 27 décembre 1507, ils adressent des remontrances à Jean II d’Amboise qui a négligé de leur faire servir l’avant-veille le « past » de Noël… 

(Source Revue d’histoire de l’église de France et Gens et choses de Langres)