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Toxicomanie et prison ferme

Le 25 juin dernier, les gendarmes de la brigade de recherches de Langres mettaient la main sur plus d’un kilo d’héroïne. Impliqués dans un réseau de consommateurs soumis aux affres de la dépendance, sept prévenus ont été condamnés à peines de prison ferme et mesures de mise à l’épreuve.

 

Explosion de la production afghane, baisse des cours, proximité avec les Pays-Bas, consommation par voie nasale, dépendance, mal-être et profonde misère sociale : dans une juridiction particulièrement confrontée aux ravages de l’héroïne, le schéma se décline régulièrement en salle d’audience. Qu’ils appartiennent à classe aisée ou défavorisée, en dépit de parcours scolaires ou professionnels plus ou moins riches, sept prévenus impliqués à différents degrés dans un réseau récemment démantelé affichent un point commun : toutes et tous ont connu des enfances ou adolescences marquées par divers traumatismes.

Le statut de récidiviste des prévenus aura retenu l’attention. La situation d’un gamin de 24 ans otage d’une gestuelle significative aura plus particulièrement marqué magistrats et avocats. Sevré, mais dépendant de son passé de toxicomane, le jeune homme s’injecte quotidiennement sa dose de Subutex, médicament de substitution habituellement consommé par voie buccale. Les images d’une mère de famille victime d’un nécrose pulmonaire et d’un couple réduit à vivre dans un taudis auront également témoigné de la puissance destructrice de l’héroïne.

Le 25 juin dernier, les gendarmes de la brigade de recherches de Langres saisissaient 1 051 grammes d’héroïne, plus de 7 000 euros en petites coupures et deux armes de poing au domicile de Romain Tomasi. Gardes à vue et investigations complémentaires permettaient d’établir les rouages du réseau. Après avoir épuisé ses subsides personnels, le jeune homme aura choisi de multiplier les voyages aux Pays-Bas, le prévenu concédant avoir importé 8,5 kilos sur le territoire national.

Prison ferme pour cinq prévenus

Ces voyages auront permis à Marianne Silver et Amy Blue d’assurer leur consommation personnelle en cédant à prix majoré des doses achetées auprès de l’importateur. Les habitudes de ce dernier tranchaient avec les règles imposées par barons de la drogue et autres caïds usant de menaces et autres violences auprès de leurs clients. Le Langrois n’imposait aucun volume de cession à ses – rares – clients et se prêtait de bonne grâce à accorder de larges crédits, autant de méthodes étrangères à de nombreux dealers.

Au terme de plus de sept heures de débats, Romain Tomasi, maintenu en détention, aura été condamné à quatre ans de prison dont de deux ans assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve incluant des obligations de soins. Remis en liberté, Lola Soral, Marianne Silver, Youssef Bensoussan et Amy Blue ont été condamnés à des peines de prison ferme en partie assorties de sursis avec mise à l’épreuve. Rachid Zemmouri et Sylvio Dray ont, quant à eux, écopé de peines avec sursis incluant des obligations de soins.

Failles en série

Au-delà de ces condamnations, l’audience aura été marquée par les constats et interrogations de prévenus et avocats. «Nous sommes sept, des toxicomanes, il en reste cinquante à Langres», indiquera un des Langrois. Me Michel se sera, quant à lui, attaché à appeler le législateur à opérer une réforme du code pénal afin de distinguer les prévenus réduits à céder des stupéfiants pour assurer leur consommation des barons de la drogue écoulant leurs marchandises «depuis le bord des piscines de leurs villas». Les avocats auront également souligné un criant manque de moyens humains, matériels et financiers destinés à la prise en charge et au suivi des toxicomanes. Si la notion de responsabilité individuelle prévaut, diverses failles renvoient à une forme de non assistance à personne en danger. Les prescriptions de Méthadone et Subutex ne peuvent suffire à répondre à un criant problème de santé publique. «Il a fallu que je me batte pour être hospitalisé quelques jours, à ma sortie, je n’ai pas pu suivre une cure à Reims, faute de place», aura notamment souligné un prévenu appelé à découvrir les charmes d’une nouvelle vie. Une autre vie.

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