Toutes les clés chaumontaises sont passées dans ses mains
Pour faire court, mise la clé du paradis à part, Régis a déjà eu en main toutes les clés des voitures et des habitations de Chaumont. Sauvant la peau à nombre d’entre leurs propriétaires, à la porte des unes, des autres.
« Ils se promènent dans les bois et, revenus à leur voiture… plus de clé… ». Aussitôt, le Chaumontais Régis Laval rejoint les sinistrés, avec une machine portable qui fonctionne sur batterie comme sur courant – oui, il a également un transfo. Et le voilà à fabriquer un sésame tout neuf en pleine nature. Plus couramment, il constate qu’ « il y a plein de gens qui n’ont jamais qu’une seule clé de voiture. Au motif qu’ils ne l’ont jamais perdue… ». Cette prise de risque l’interroge. Mais no comment, Juste, flotte l’idée qu’il n’est pas exclu qu’on soit amenés à se revoir. Il n’y a naturellement pas de « bon moment » pour perdre ses clés. Or, entre la duplication de celle d’une voiture et sa création ex-nihilo, la facture diffère… « Les clés de voiture, c’est ce que je fais le plus. Je travaille autant avec les particuliers qu’avec les professionnels ». En revanche, il existe une poignée de sinistrés pour lesquels Régis ne pourra jamais rien : « chez quelques marques, au regard des évolutions, il y a des modèles de clés qu’on ne peut pas refaire avant longtemps ». C’est alors parti pour les grandes manœuvres chez le concessionnaire, qui devra « changer tout le système ». Une affaire qui va chercher dans les 1 600 €.
Etourderie
Il suffit de rester une demi-heure dans la boutique de Régis pour mesurer notre degré d’étourderie. À croire que, tour à tour, tous les Chaumontais se retrouvent à la porte de leurs chez eux. Parmi ces désespérés, il en est qui précisent que leur demande est loin d’être courante : ce sont des « clés sécurisées » qu’ils réclament. « C’est un produit que je vends ». Régis est même un professionnel fort recherché sur cette niche. « À 200 km autour de Chaumont, personne d’autre ne pourra répondre à cette demande ». Il existe deux types de ces clés à part. « En général, elles sont sécurisées pour une durée limitée ». Mieux vaut ne pas les perdre avec la « carte de sécurité » associée… « Si le modèle est breveté, il faut rigoureusement respecter ses normes ». Sachant que s’atteler à produire un double ou un original n’est pas non plus la même chanson… Enfin, Régis opère un troisième type de sauvetage. S’il est plus marginal, son évocation claque… Il s’agit des clés de coffres-forts. Le professionnel se retrouve alors parfois à devoir répliquer des originaux acquis sur Internet, et généralement fabriqués en Chine…
Dans le top 10 français
L’entrée de Régis dans l’univers de « la clé » remonte aux années 1990 ; son installation à Chaumont, à février 2015. « Je dois avoir fait environ 50 000 clés depuis cette date ». Les Chaumontais n’ont pas le monopole du comportement de têtes en l’air : « de plus en plus de Langrois » font appel à lui. Rejoignant la cohorte des habitants de Neufchâteau, de Châtillon, de Bar-sur-Aube… ou de Nancy. Son local pro est équipé de huit machines, dont quatre numériques. De quatre valises de programmation pour ses interventions sur les voitures, également. En conservant soigneusement un ancien modèle : « les nouvelles valises dialoguent trop vite avec les véhicules et plantent les systèmes ». Régis s’est formé à cette nouvelle génération de matériel, dès qu’il est entré sur le marché. « Je me suis dit : je vais m’amuser comme un petit fou ». Bien vu. « À partir d’une serrure de voiture, d’une photo… je peux fabriquer une clé ».
Aujourd’hui, Régis est du « top 10 national des pros de la clé ». Un classement qui prend en compte le matériel dont il dispose et le panel de clés qu’il est en mesure de réaliser. « Le taux de retour est en-deçà de 1% et la plupart du temps, ce sont des c… que j’ai commises ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
