Tout ce qui brillait était or
Conférence. Pour la conférence du mardi 7 février, Raphaelle Carreau, conservatrice, a invité celui qui a remis en état les cadres de plusieurs tableaux du Musée d’art et d’histoire, Uwe Schaefer, doreur et restaurateur. Originaire d’Allemagne de l’Est, arrivé avec une Française, Florence, l’homme, de formation géologue, est d’abord métallier d’art.
Il a 26 ans quand un voisin lui fait découvrir la dorure à la feuille. Une passion est née ! Il se forme à l’atelier parisien Jean Alot puis crée sa propre entreprise en 1993, implantée depuis 2015 à Geraudot (Aube). Habilité par la Direction des Musées de France en 2005, il intervient dans les musées, châteaux et églises, pour restaurer statues et cadres. Il commence par expertiser l’œuvre et convient des travaux avec le donneur d’ordre.
Après nettoyage, il procède au refixage, c’est-à-dire recolle ce qui doit l’être, empêche les crevasses d’évoluer en fixant des plaquettes au dos, rebouche et reconstitue les parties manquantes. Il s’attache à employer les produits d’époque, blanc de Meudon, triammoniumcitrate, colle animale (de poisson) appliquée à chaud, mastic crayeux. Une fois la surface reconstituée, il applique les fameuses feuilles d’or, d’une épaisseur de 0,1 micron, soit à sec, ou détrempées soit à l’eau, soit à l’huile de lin, cette dernière technique étant réservée aux œuvres les plus vulnérables.
C’est la plus délicate aussi, car il faut guetter l’instant de séchage propice. Ses explications étaient accompagnées de la projection de photos de cadres, appartenant aux musées de Chaumont et de Langres, avant-après restauration. Dans la grande salle, plusieurs œuvres sont passées entre ses mains. Un auditeur a posé la question de la réversibilité. C’est effectivement la règle en matière de restauration, mais Raphaëlle Carreau a précisé que dans le cas des tableaux, seule la peinture y était soumise, pas le cadre.
De notre correspondant Benoit Gruhier