Tour de France 2019 : Quintana dans son jardin
Le petit grimpeur colombien, Nairo Quintana, décevant jusque-là,
a pris une revanche, hier, en s’imposant à Valloire. Il a devancé Romain Bardet pour remporter son troisième succès sur la Grande Boucle.
Les Colombiens ont fait fort, hier, entre Embrun et Valloire. Nairo Quintana et Egan Bernal, désormais deuxième au général, ont fait valoir leurs qualités en haute mon- tagne. Quintana, vainqueur du Giro (Tour d’Italie) en 2014 et de la Vuelta (Tour d’Espagne) en 2016, avec également sur son CV trois podiums sur la Grande Boucle, dont une deuxième place derrière Froome en 2013, vivait jusqu’ici un Tour compliqué. Après une chute lors de la 11e étape, relégué à près de dix minutes de Julian Alaphilippe (12e au général), hier matin, le coureur des Andes a perpétué la grande tradition colombienne. Dès que la route s’élève en haute altitude, les petits for- mats habitués à s’entraîner au-delà des 3 000 mètres, se régalent. Echappé rapidement, au sein d’un groupe bien fourni, Quintana a porté l’estocade dans la partie la plus difficile du Galibier, à 7,5 km du sommet, pour lâcher Romain Bardet, sans jambes depuis le début du Tour, mais qui a bien réagi, hier, et Lutsenko (Astana). Celui dont le départ de Movistar a été confirmé il y a quelques jours (a priori pour la formation Arkea-Samsic de Warren Barguil) a retrouvé du tonus dans la première étape alpestre d’un triptyque terrible, avec encore deux arrivées à venir au sommet, à Tignes puis Val Thorens.
Stratégie très étrange des Movistar
Alors que son attaque dans l’étape de Prat d’Albis n’avait pas été couronnée de succès, Quintana, vainqueur pour la troisième fois après le Semnoz, en 2013, puis au sommet du col du Portet, l’an passé, a très bien géré la descente technique pour conserver plus d’une minute et trente secondes d’avance sur l’Auvergnat, qui peut se conso- ler avec le maillot à pois pris au Belge Wellens. Au passage, Quintana revient à la septième place au général, à moins de quatre minutes d’Alaphilippe.
Si la stratégie des Movistar a paru une nouvelle fois surprenante, roulant pour Landa (qui semble être le leader) dans l’Izoard, derrière Quintana qui se rapprochait pourtant du podium virtuel, Marc Soler ayant mis, qui plus est, du monde “dans le rouge”, la formation espagnole a néanmoins réussi quelque-chose de positif, avec le gain de l’étape.
« On était trois de l’équipe Movistar dans l’échappée. Landa se sentait bien et c’est pour cela que la Movistar a roulé pour lui. C’était le plan. Finalement, nous avons décidé d’aller chercher la victoire d’étape. Les autres équipes ne m’auraient de toute façon pas permis de prendre plus d’avance sur les favoris », explique le coureur colombien. « Je connais bien ces cols en haute altitude. J’ai eu mal quand je suis tombé il y a quelques jours, mais je n’ai pas voulu jeter l’éponge. J’ai récupéré et je me sens bien. Je ne sais pas si je suis moins fort qu’avant, car je pense que c’est cette chute qui m’a handicapé. C’est pour cela que je suis plus loin au général », estime le Colombien, qui n’a pas perdu espoir de monter sur le podium à Paris.
Reportage de Nicolas Chapon