Tour de France 2019 : Alaphilippe a fait rêver la France
Cinquième du Tour de France et premier Français, l’Auvergnat Julian Alaphilippe, qui a porté le maillot jaune durant quatorze jours, a fait rêver le public français. Une 106e édition faite de hauts avec le Grand Est mais aussi de bas, à l’image des deux dernières étapes alpestres escamotées.
Après cette 106e édition du Tour qui n’a pas manqué de rebondissements, retour sur les tops et les flops de cette Grande Boucle remportée pour la première fois par un Colombien, Egan Bernal.
Les tops
Julian Alaphilippe dans le cœur des Français
Même s’il n’a pas gagné et a été privé de podium lors de l’avant- dernière étape au sommet de Val Thorens, le coureur de la Deceuninck Quick-Step a été le grand bonhomme de cette 106e édition. Victorieux à Epernay (4e étape) ainsi que lors du contre- la-montre de Pau (13e étape), le Montluçonnais, qui a endossé le maillot jaune pendant quatorze jours, a suscité un énorme engouement chez le public français. Julian Alaphilippe, c’est le cyclisme à l’ancienne avec du panache comme lorsqu’il a emmené le sprint de son coéquipier Elia Viviani. On s’est même pris à croire à une possible victoire finale française. A défaut de victoire finale sur les Champs-Elysées mais avec une cinquième place au général, Julian Alaphilippe, élu super combatif du Tour, sort malgré tout vainqueur de cette Grande Boucle. Il pourrait être un favori crédible pour monter sur la plus haute marche du podium dans un avenir proche.
Première victoire colombienne
Cela faisait des années que le peuple colombien attendait une victoire. Il la tient enfin grâce au coureur de la formation Ineos Egan Bernal. Le Sud-Américain, prétendant à la couronne, au départ de Bruxelles, âgé de 22 ans, a forgé son succès dans le triptyque alpestre et notamment dans l’ascension du Col de l’Iseran où il a décramponné tout le monde. Egan Bernal, qui se régale lorsque le Tour prend de la hauteur, est entré dans l’histoire de son pays. Et de quelle manière. Outre le maillot jaune, le coéquipier de Geraint Thomas a ravi le maillot blanc. Il aurait même réalisé la passe de trois, puisqu’il se classe 2e pour le classement du meilleur grimpeur. Là où Nairo Quintana a échoué, Egan Bernal a réussi en devenant le premier Colombien vainqueur de la Grande Boucle. Depuis hier, c’est tout le pays qui a célébré son champion. Le protégé de Nicolas Portal est peut être parti pour un long règne sur le Tour.
Le Grand Est à la fête
La région Grand Est a été à la fête lors de la première semaine du Tour avec notamment quatre étapes dont deux en Alsace. On a tous en mémoire encore cette arrivée dans la ville du champagne, à Epernay, avec la fabuleuse attaque de Julian Alaphilippe ou encore la Super Planche des Belles Filles, qui fut le premier coup de semonce de cette 106e édition sous l’impulsion d’un certain Thibaut Pinot.
Romain Bardet a du pois
Quinzième du Tour à près de trente minutes (29’54 ») d’Egan Bernal, Romain Bardet a été en souffrance et n’a pas été en mesure, lors des trois semaines, de peser sur la course. Malgré tout, il n’a pas abdiqué reportant ses objectifs sur le maillot à pois de meilleur grimpeur. Un paletot remporté lors de la 18e étape entre Embrun et Valloire. Si ce maillot n’est certainement pas celui dont il rêvait au départ de Bruxelles, toujours est-il que sa première place au classement des grimpeurs est une belle consolation pour le Brivadois.
Un public français conquis
Cadenassée sous le règne de Christopher Froome, cette édition a offert une belle course de mouvement pour le plus grand bonheur du public français qui a vibré aux exploits de Julian Alaphilippe, de Thibaut Pinot au sommet du Tourmalet, mais aussi d’Egan Bernal. Les Français n’ont pas boudé leur plaisir.
Sagan force sept
Victorieux au sprint à l’arrivée à Colmar, le Slovaque Peter Sagan a ramené pour la 7e fois le maillot vert à Paris. Un record !
Les flops
L’abandon de Thibaut Pinot
Le leader de la Groupama-FDJ, Thibaut Pinot, vainqueur au sommet du Tourmalet, a abandonné lors de l’étape menant à Tignes. Blessé à la cuisse, avec une déchirure l’empêchant de pédaler, celui qui s’était mis à rêver d’un podium, voire d’un succès, 34 ans après Bernard Hinault, a terminé en pleurs. Son quatrième abandon en sept participations sur la Grande Boucle. Le Franc-Comtois, protégé de Marc Madiot, dans la forme de sa vie dans les Pyrénées et à l’aise sur le contre-la-montre, se relèvera-t-il de ce nouvel échec ?
La stratégie de Geraint Thomas
Si le Gallois d’Ineos, Geraint Thomas, a terminé deuxième, derrière le Colombien Bernal, au sein d’une formation qui n’a pas remporté la moindre victoire (il n’y a pas eu de classement d’étape à Tignes), ses attaques se sont montrées à chaque fois peu tranchantes en montagne. Geraint Thomas, vainqueur l’an passé de son premier Tour, et qui a subi plusieurs chutes, n’a pas pu attaquer Bernal dans les Alpes.
Cofidis et Total Direct Energie dans l’anonymat
Les deux équipes françaises n’ont pas pu peser sur la course, avec peu d’échappés. Cofidis a rapidement perdu son sprinter, Christophe Laporte. Hormis Stéphane Rossetto, qui a tenté à de nombreuses reprises de s’échapper. Quant à la formation de Jean-René Bernaudeau, Total Direct Energie, elle n’a pas non plus semblé au niveau.
Nibali, Yates, Barguil mi figue-mi raisin
Le Requin de Messine, Vincenzo Nibali, vainqueur de la Grande Boucle en 2014, s’il a redoré son blason à Val Thorens, lors de la dernière étape alpestre, finit à une peu reluisante 39e place à 1 h 36′ de Bernal. Le leader de la formation Mitchelton-Scott, Adam Yates, 29e du général, a lui aussi décu. Quant au Français Warren Barguil (Arkea-Samsic), qui s’est classé dixième, il n’a jamais été en mesure de peser sur la course.
Des turbulences pour ASO
Les organisateurs, entre les grêlons à Val d’Isère annulant la fin de la 19e étape, et le rabotage de la 20e qui s’est apparentée à une course de côte de 59 km vers Val Thorens, le Cormet de Roselend étant rendu impraticable en rai- son des coulées de boue, les patrons du Tour de France ont eu des sueurs froides. Sans oublier les très nombreux amoureux de vélo sur la montée de Tignes qui n’ont pas vu pas- ser les cyclistes, et ceux dans la montée de Val Thorens privés de la caravane publicitaire.
De nos envoyés spéciaux : Nicolas Chapon et Romain Randoing