Tour de chauffe pour le Festival Dimey
L’association Bernard-Dimey pratique désormais les piqûres de rappel entre deux festivals. Après la soirée du Trio Vian à Neuilly-sur-Suize, elle avait invité samedi 29 mars, à Condes, Laurent Berger et Jacques Bertin.
Le président de l’association, Yves Amour, était tout sourire. A nouveau, les amateurs de chanson française ont répondu nombreux à l’appel des organisateurs du Festival Dimey. L’équipe était au grand complet pour accueillir une salle comble. La paëlla maison était aussi alléchante que l’affiche. Jacques Bertin, un monument de la poésie chantée, loin des médias depuis toujours. Mais avant lui, une jolie surprise.
Un grand gaillard est venu occuper toute la hauteur de la petite scène de Condes. Laurent Berger connaît bien les salles de cette dimension. Voilà près de 20 ans et quatre albums qu’il les fréquente. Çà et là au cours de son récital, il pioche quelques textes chez Dimey ou Couté, mais la plupart de ses chansons sont sorties de sa plume et de sa guitare. Sa voix est puissante, portée par un remarquable accompagnement. Pas si évident de se concentrer à la fois sur des accords, des arpèges et des lignes de basse tout en livrant une poésie sensible et profonde.
Les chants des hommes
Voir Jacques Bertin à Condes : combien de spectateurs présents samedi auraient imaginé cela possible un jour ? C’est un grand, un très grand monsieur de la chanson. Un défenseur inlassable de la cause des artistes. Un journaliste virulent, un militant acharné. Et derrière ce guerrier des phrases, un homme d’une infinie tendresse, dont les textes tanguent entre des hymnes à la beauté, des percussions de mots et d’idées, des douleurs et des amours partagées. Dans les années 80, on trouvait parfois ses chansons décalées, ses poèmes presque trop libres. Jacques Bertin, le poète et le chanteur, n’ont pas changé. La mèche rebelle s’est fait la malle, le souffle est un peu plus court et quelques phrases oubliées restent parfois dans le trou de la guitare. Mais la force est toujours là, la puissance de ces mots offerts, parfois lancés au public, avec cette vibration si particulière. Chantant Nazim Hikmet en fin de concert, Jacques Bertin a laissé une clé de son œuvre : «…Rien, rien ne m’a rendu jamais aussi heureux que les chants, les chants des hommes…» Lui qui voulait dans une de ses chansons «une fête étrange et très calme» a su la donner samedi à son public.
De notre correspondant