Toujours trop tard – L’édito de Christophe Bonnefoy
Constater que le harcèlement a pu trouver sa place, insidieusement, au sein d’un établissement scolaire est en soi insupportable. Cela veut dire qu’au final, on n’a pas su détruire le mal à sa racine. Ou qu’on ne s’en est pas réellement donné les moyens. Pire, quand ce harcèlement se transforme en tentative de meurtre, ça devient juste à vomir. Difficile, pour le coup, de contenir les colères.
L’affaire de la collégienne frappée, notamment par une autre élève du collège, puis placée en coma artificiel devant son école à Montpellier est sans doute loin d’avoir livré tous ses détails. Il faudra entendre les acteurs d’un règlement de compte qui a visiblement exacerbé les instincts les plus bas. Il faudra écouter tous les acteurs. Les abrutis qui se sont acharnés sur une jeune fille de 14 ans. La victime elle-même. Les familles. Et évidemment le personnel de l’établissement, à qui la maman reproche d’avoir laissé sortir sa fille hors les murs alors qu’elle aurait alerté sur le danger qui l’attendait.
En tout état de cause, et au-delà de ce cas très particulier, on se trouve là, encore une fois, face à ce qui est un vrai problème de société. Cette société qui se nourrit de violence pour seul dialogue et de réseaux sociaux comme vecteur de haine.
L’enquête administrative lancée au pas de charge par la ministre de l’Education a huit jours pour définir les responsabilités au sein de l’institution et éclaircir certains faits, préalables à l’agression. Y a-t-il effectivement eu harcèlement, sur la durée, sans que personne ne réagisse ? Elle en « tirera toutes les conséquences » et son bras « ne tremblera pas ». Immanquablement, et s’il y a eu manque du côté de l’établissement, il lui sera répondu que faute de moyens, on ne peut demander l’impossible aux personnels. On risque de tourner – encore – en rond.
c.bonnefoy@jhm.fr