Toucher le fond – L’édito de Christophe Bonnefoy
On touche le fond. Le fond de quoi, on ne sait pas vraiment et même, on a le sentiment qu’on pourrait continuer à creuser encore et encore. Les Français sont-ils à ce point médiocres, qu’on vienne leur imposer un fumeux débat politique à base de viande grillée ?
La rentrée sociale s’annonce explosive. En cause, le pouvoir d’achat. Le constat est terrible. Vous savez… ce petit message de votre banque qui vous alerte sur un découvert autorisé largement dépassé…
En cause, encore, ce mot « rationnement », utilisé par la Première ministre concernant l’électricité. Nous apparaît de suite l’image de nos aïeux, éclairés à la bougie. Fin de l’abondance. Fin de l’opulence. Que dire de l’Ukraine, évidemment, qui voit chaque jour tomber les victimes. La centrale nucléaire de Zaporijjia pourrait, elle, mettre tout le monde d’accord très vite sur l’urgence de redéfinir nos priorités.
Alors quelle mouche a donc piqué l’écologiste Sandrine Rousseau qui, études sociologiques à l’appui, waouh, vient nous parler, non pas du sexe des anges, mais de celui des côtes de bœuf ? Hallucinant. Il faudrait donc désormais « changer de mentalité (…) pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité ». Vraiment ? On en est là ?
Si on pouvait juste, au moins une fois, nous laisser manger ce qui nous sied, ce qu’on aime, ce qui nous fait plaisir, sans venir essayer de nous culpabiliser sans cesse. Qui plus est via des arguments qui pourraient être carrément risibles s’ils n’étaient pas avancés avec autant de sérieux…
Le mot de la fin (de la faim?) à Fabien Roussel. Pas de la grande littérature, mais une réponse cinglante du berger communiste à la bergère écolo : « On mange de la viande en fonction de ce que l’on a dans le porte-monnaie, et pas en fonction de ce qu’on a dans la culotte ou dans son slip ». C’est clair. C’est dit.