Tir de barrage – L’édito de Patrice Chabanet
Gérard Larcher a une passion pour la chasse. Harassé par les discours incendiaires de Jean-Luc Mélenchon, le président du Sénat a sorti la grosse artillerie. « Ferme ta gueule ! », lui a-t-il lancé. Les esprits (faussement) délicats se sont offusqués. Comme si on répondait à l’outrance systématique par le langage fleuri et aseptisé des euphémismes.
La vive réaction d’une partie de LFI justifie a posteriori la prise de position de Gérard Larcher. Entendre le député Adrien Quatennens, l’homme qui cognait son épouse, s’en prendre aux propos drus de Gérard Larcher ne manque pas de sel. Décidément, on aura tout vu et tout entendu.
La déclaration du troisième personnage de l’Etat ne doit pas rester un acte isolé. Les démocrates auraient tout intérêt à opposer un tir de barrage à cette rhétorique de stigmatisation et d’exclusion. Sinon, pernicieusement, des sous-entendus nauséabonds se glissent dans les mots. On pense bien sûr à l’antisémitisme. Il n’est pas bon, aujourd’hui, de porter un nom à consonance juive. De la même manière, on peut s’étonner que l’extrême droite se substitue à la justice, comme l’a fait Marion Maréchal, dans l’enquête sur le meurtre du jeune Thomas dans la Drôme. Elle en sait plus que le procureur…
Ces dérives, de plus en plus fréquentes, de plus en plus clivantes font craindre le pire dans un avenir plus proche qu’on ne le craint. En attendant : une dégringolade de Mélenchon dans les enquêtes d’opinion et une envolée de Marine Le Pen. Les Français se contredisent dans les sondages, du moins en apparence. Explication possible : les partis modérés préfèrent se terrer plutôt que d’aller au combat.