Tir à vue – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il paraît que les voyous d’antan répondaient à un code d’honneur. C’est ce qui se dit. Même si le cinéma, mais pas que lui, a sûrement largement contribué à forger cette image de personnages, hors-la-loi certes, mais à la morale certaine. Oeil pour œil, dent pour dent, mais entre voyous, pour résumer.
A Nîmes, c’est un enfant de 10 ans qui a fait les frais de la bêtise humaine. D’une guerre de territoire qui tire à l’aveugle à coups d’armes de guerre, sans se soucier aucunement de la cible. Presque des amateurs, comparés aux fameux voyous d’avant, supposés très sélectifs dans leur action. Les premiers n’ont qu’un seul objectif : faire prospérer leur trafic, peu importe la manière. Et les victimes qu’ils feront. Lundi soir, comment peut-on oser penser qu’un gamin même pas encore ado avait quelque chose à voir avec une quelconque lutte d’influence entre délinquants ! La procureure de la République l’a d’ailleurs froidement résumé, les mots sont terribles : « Au mauvais endroit, au mauvais moment ». La faute à pas de chance, en quelque sorte. Vraiment ?
Au drame sont venues répondre les éternelles réactions. La CRS 8 sera déployée dans la ville. Après coup donc. C’est noté. Le crime, lui, « ne restera pas impuni ». C’est Gérald Darmanin qui le dit. Comme il le dit de la même manière à chaque fait divers de ce type. Le monde politique est horrifié. On le serait à moins.
Une fois tout cela exprimé, on ne peut que constater : on est en permanence plus dans la réaction que dans la prévention. Et le manque de moyens, que tout le monde dénonce : la police, les habitants des quartiers dits sensibles, la justice. Tous, quelle que soit leur catégorie, résument la situation très simplement, en un mot : impuissance.