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Emilie Martin-Miel, thérapeute de couples et sexologue à Chaumont

Thérapie de couple, sexe… Au diable les tabous !

Emilie Martin-Miel, thérapeute de couples et sexologue à Chaumont
Emilie Martin-Miel tente d’aider des couples en crise à rétablir la communication et des clients à (re)trouver une sexualité épanouie. (Photo : D. C.)

Emilie Martin-Miel est thérapeute de couple et sexologue, à Chaumont. Venir la consulter, c’est rééduquer son écoute de l’autre, mais aussi de soi. Et se remettre en phase avec son corps, puisque, dit-elle, la sexualité, chez les jeunes notamment, n’a jamais été aussi taboue.

jhm quotidien : Vous êtes sexologue et thérapeute de couple. En quoi consistent exactement vos spécialités ?

Emilie Martin-Miel : « Pour être tout à fait exacte, ma formation de départ a trait à la parentalité. Souvent, des problèmes d’éducation des enfants entraînent des tensions dans le couple et inversement, des soucis de couple peuvent avoir des répercussions sur les enfants. J’ai donc ajouté la thérapie de couple dans ma formation. Avant de boucler la boucle avec la sexologie il y a deux ans, parce que finalement, tout est un peu lié. Quand les gens viennent me voir, c’est essentiellement pour des crises de couple. Mais je reçois aussi des personnes, seules ou à deux, qui se questionnent sur leur sexualité, leurs désirs, leur libido notamment, voire qui souffrent de dysfonctionnements érectiles. »

jhm quotidien : Franchir le pas pour venir vous voir ne doit pas être chose aisée, dans ces situations.

Emilie Martin-Miel : « Faire cette démarche n’est pas évident, mais quand mes clients poussent la porte, ils sont prêts à entendre ce qu’on a à leur dire. Il est question de tenter de résoudre un problème ou ce qu’on considère comme tel. Mon travail est d’essayer de comprendre. D’écouter. Exprimer les choses, verbaliser des émotions ou des ressentis permet de régler un certain nombre d’incompréhensions. Pour la sexologie, en deux ou trois séances, les problèmes peuvent déjà être résolus. Pour la thérapie de couple, cela peut être plus long, mais quand un couple vient me voir, c’est déjà qu’il est dans l’idée d’essayer de s’en sortir. »

« J’aide aussi des couples à bien se séparer »

jhm quotidien : La thérapie de couple est-elle l’espoir de la dernière chance ?

Emilie Martin-Miel : « Disons que parfois, les problèmes sont déjà très installés et il est trop tard. Parfois aussi, la crise n’est pas si forte et il s’agit de travailler sur la communication. Moi, je parle même d’écoute. Et puis, parfois, je suis là pour aider, carrément, des couples à bien se séparer. L’un dit que c’est fini mais l’autre ne veut pas – ou ne parvient pas – à l’entendre. On travaille là-dessus. »

jhm quotidien : Quelles sont les causes principales des crises que traverse un couple ?

Emilie Martin-Mielle : « Je me répète mais c’est le manque d’écoute souvent. Ecouter, c’est entendre ce que l’autre a vraiment à dire et pas ce que j’ai envie d’entendre de lui. Quand on s’installe en couple, il y a l’énergie de la nouvelle relation. On se comprend en se regardant. Pas besoin forcément de parler. Et puis il y a un premier virage : on s’aperçoit que, même si on s’aime, on est différents. Et ce virage-là, il ne faut pas le rater. On pense peut-être la même chose, mais on y arrive par des chemins différents. Il faut donc verbaliser, parler. Les crises, tous les couples en traversent. Il faut savoir s’ajuster et faire attention à l’autre. »

jhm quotidien : Ne pas tomber dans la routine, en somme ?

Emilie Martin-Miel : « La routine est nécessaire, il faut l’accepter. Mais quand c’est l’unique mode de fonctionnement, qui a quelque chose de sécurisant pour certains, cela peut tuer un couple. On revient à mon propos : dompter cette routine, c’est faire attention à l’autre. Et cela ne veut pas dire ramener des fleurs chaque vendredi, passer l’aspirateur ou faire la vaisselle.

Il faut discuter, échanger des points de vue. On peut avoir des projets, aller à Rome par exemple, si on n’en parle pas, on va peut-être créer des incompréhensions parce qu’on aura imaginé des chemins différents pour y aller. Alors qu’en élaborant le plan ensemble, on se sent reconnu par l’autre. On développe la complicité. Ce n’est pas tant ce qu’on fait qui est important mais comment on va le faire à deux. »

« Faire l’amour, ce n’est pas baiser »

jhm quotidien : Parler de couple, d’émotions, de sexe ou de sexualité, c’est encore tabou d’après vous ?

Emilie Martin-Miel : « Oui ! L’addiction et la sexualité, notamment, le sont beaucoup. Je trouve même qu’il y a une régression par rapport à il y a 20 ans. Dans les magazines, les chansons, les clips, on a des injonctions à se libérer. Mais on parle de porno, pas d’érotisme, de sensualité ou de tendresse. Je constate de vrais problèmes chez les jeunes à se situer et à en parler. Ils veulent répondre aux codes de la société mais ne se reconnaissent pas dedans. Certains sont fleur bleue, mais n’osent pas. D’autres sont pudiques, quand la société vante les habits dénudés et le maquillage à outrance. »

jhm quotidien : Est-ce réellement une tendance que vous constatez au cabinet ?

Emilie Martin-Miel : « On rencontre des gens en décalage avec leur corps et le message que la société leur envoie. La plupart des jeunes couples qui viennent me consulter, entre 20 et 25 ans, n’ont pas ou peu de sexualité. Ils ne connaissent pas les mécanismes de l’excitation, du plaisir. Faire l’amour, ce n’est pas baiser, même si ça peut parfois en faire partie.

C’est du partage, une connexion, de la sensorialité. Ce qui est effrayant, c’est que beaucoup d’enfants sont déjà tombés sur des images pornographiques. Or ce n’est pas la réalité du sexe. En grandissant, ils ne se retrouvent pas dans ce « modèle ». Ils perdent leurs repères, se cherchent. Rétablir une vraie éducation sexuelle est important. A l’école, les heures consacrées traitent de la reproduction et des maladies sexuellement transmissibles. Quels messages sont envoyés ? Ne s’agit-il pas d’une approche réductrice ? »

Propos recueillis par Delphine Catalifaud

d.catalifaud@jhm.fr

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