Tête, mains, petits petons ou sportif ou anti-âge : des massages en veux-tu en voilà

À Chalindrey, Cindy Charrier offre une gamme interminable de massages. Avec, cerise sur le gâteau, la variété lingonne, qui est du « sur-mesure ». Vocation : le bien-être, sans prétendre au soin.

« En sortant de chez Cindy, on se sent si bien qu’on mesure à quel point on ne l’était pas en entrant ». Bénédicte* vient de bénéficier d’un « massage étoile » : elle a remis sa tête, ses mains et ses pieds dans les mains de Cindy Charrier, installée à Chalindrey. Une prestation qui est en outre accessible aux personnes réticentes à la mise à nu. C’est aussi parce que le respect de « la pudeur » de chacun lui tient à cœur que Cindy propose des massages sur une chaise ergonomique – pour décoincer le trapèze tout habillé. Mais sa spécialité, c’est le « massage sportif ». Des gens qui exercent un métier physique le lui réclament beaucoup. « Je vise des zones, et c’est très appuyé. Faire tout le corps serait trop long ». Dans la gamme interminable de l’offre de Cindy – massages aux coquillages chauds, balinais, suédois, californien…  – il y a aussi le modèle « anti-âge » du visage, effectué par « petits mouvements rapides pour booster la production de collagène et d’élastine avant de travailler la lymphe ». Pouvant aussi prévoir la pose de ventouses, l’usage de gua sha… voire une marmathérapie, à l’effet bœuf, souligne la masseuse. « Au bout de 10 minutes, les gens partent ». Elle « essaie de les garder dans cette espèce de torpeur » : elle « comprend qu’ils en ont besoin ». Et puis il existe encore le « massage lingon », qui est l’équivalent de la carte au restaurant en remplacement du menu. Un mot enfin pour le « massage du ventre » qui mobilise toute la vigilance de Cindy car « il remue surtout au niveau émotionnel ». Au point d’amener des clients à « pleurer ». Auquel cas « il faut savoir être mesuré ». Sa clientèle est composée d’autant d’hommes que de femmes. Attention, Cindy pratique le massage bien-être sans s’imaginer jamais faire des soins. « Quand je remarque des difficultés au niveau du diaphragme par exemple, j’oriente mes clients vers un ostéopathe ». Même démarche quand c’est un grain de beauté qu’elle voit grossir, elle invite à consulter un dermatologue. Et pas de séance chez Cindy sans avoir au préalable rempli un « questionnaire de santé ».

« Le massage ? Ce n’est pas un métier ! »

« Après mon bac, je voulais faire du massage. Mais mon entourage m’a dit « Voyons… ce n’est pas un métier » ». Et s’il avait raison ? À 18 ans, Cindy Charrier s’est donc plongée dans la naturopathie, à des fins strictement personnelles, et est entrée dans la vie active, sans projet professionnel de secours. « J’ai fait des boulots alimentaires ». En tirant toutefois un gros bénéfice secondaire à la situation : ces jobs saisis à la volée lui ont permis de voyager. Islande, Réunion, Maurice, Antilles, Canaries… et, surtout Mongolie, où elle est déjà allée « plusieurs fois ». Après une incursion balisée par une agence de voyage, elle y est toujours retournée en free. En 2018, après avoir fréquenté avec bonheur l’institut de formation Savatofski à Dijon, elle a découvert l’existence de l’école À fleur de peau, à Lyon. Un an plus tard, elle décrochait son diplôme de « technicien SPA », une certification professionnelle reconnue par l’État. Devenant elle-même formatrice, jusqu’à réaliser qu’en étant sans cesse dans un train pour Lyon ou Marseille, elle incarne ce qu’elle recommande de ne pas être : toujours ailleurs, à piétiner sa vie de famille. -elle a dit stop.

« Tu as eu raison »

« Je me suis installée… pour travailler à domicile ». Cindy adopte le statut auto-entrepreneur, mais s’interdit encore d’ouvrir un cabinet. « J’avais toujours en tête ce que l’on m’avait dit… ». L’heure de dépasser ces conseils aux effets endurants finira néanmoins par sonner. Mais la demoiselle habite Langres, où, entre difficulté d’accès au centre-ville, rareté des places de parking et offre immobilière trop onéreuse d’entrée de jeu, avec la perspective de trop de travaux à réaliser, elle renonce à trouver un local. « J’ai adressé des courriers tous azimuts ». Sans croire une seconde à la pertinence de sa démarche. Pourtant, la communauté de communes des Savoir-faire va lui apporter la solution, en lui louant un local à Chalindrey. Cindy en reste infiniment reconnaissante à la collectivité. Son cabinet a ouvert en octobre 2021. « Aujourd’hui, mon entourage me dit que j’avais raison de vouloir faire du massage… et puis les temps ont changé… ». Cindy n’en veut à personne, après tout, ce coup de frein à la réalisation de son rêve a eu son utilité. « Je suis peut-être plus mûre qu’à 18 ans ». Maintenant, elle intervient également dans des hébergements touristiques du Parc national, en été. Avec l’idée… et des amis de « journées bien-être en pleine nature ». Un nuage obscurcit un tout petit peu le ciel de Cindy. Elle ne trouve pas de masseur à son pied. « Ça me plonge dans le désarroi ». Qui se dissipe dès qu’elle peut recourir aux services de ses copines de l’école lyonnaise.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

(*) prénom d’emprunt.