Terrible – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les mots sont bien peu de choses devant l’horreur absolue. Face au drame qui s’est noué dans la nuit de mardi à mercredi en Alsace, à Wintzenheim, on ne peut que laisser parler son émotion et adresser ses pensées à ceux qui ont perdu la vie dans les flammes. Tout comme aux rescapés, terriblement choqués, et à des familles de victimes dont le sol vient de s’écrouler sous les pieds. Rien de plus, malheureusement. En tout cas dans l’instant.
Reste le rôle de tous ceux qui ont eu à intervenir dans ce gîte réduit à l’état de cendres. Pompiers en premier lieu, forces de l’ordre qui devront évidemment mener une enquête difficile dans tous les sens du terme et psychologues, qui auront à soutenir, à tenter d’aider à supporter l’insupportable.
Pour ces derniers, la tâche est encore plus complexe. La bâtisse qui a pris feu – ce mercredi soir, on déplorait onze morts dans l’incendie – accueillait des personnes en situation de handicap mental et leurs accompagnants. Du côté du grand public, et c’est compréhensible, l’empathie est peut-être encore plus grande ici que lors d’autres faits divers. Du point de vue de ceux qui accompagnent après de tels traumatismes, s’ajoutera une difficulté à ce qui est déjà extrêmement compliqué habituellement. Il faudra évidemment prendre en compte, au moins chez les rescapés, une fragilité au préalable déjà bien plus grande chez les victimes du drame. Et savoir comment l’aborder. Bien lourd travail que celui de ceux qui cherchent, sinon à faire accepter, au moins à essayer d’atténuer la douleur.
Que dire, bien sûr, de ces pompiers, primo-intervenants, qui ont découvert les corps à l’intérieur des décombres. On nous dira que c’est leur métier. Mais ce sont surtout des humains. Peut-être apprennent-ils, le temps d’une intervention, à se déconnecter, d’une certaine manière, de l’horreur. Mais juste le temps de l’intervention.
Le moment est à l’émotion. Viendra ensuite celui de l’enquête. Plus technique. Plus détachée.
Après la sidération, tenter d’expliquer… et définir les responsabilités.
c.bonnefoy@jhm.fr