« Terre de Loups », rendez-vous en meute inconnue
Pendant de nombreuses semaines, Olivier Larrey, parrain du festival, Yves Fagniart et Tanguy Dumortier, ont observé de près une meute de loups. Une aventure entre Finlande et Russie qui a donné lieu un livre et un film qu’ils sont venus présenter au festival de Montier-en-Der. Rencontre.
Photographe originaire du sud de la France et parrain de cette nouvelle édition du festival de Montier-en-Der, Olivier Larrey, faisait partie des professionnels exposants à la Halle au blé. Entre deux échanges avec ses admirateurs, il a eu le temps de parler de Terre de Loups, un livre de 240 pages confectionné à quatre mains avec Yves Fagniart et du film documentaire qui en a découlé, réalisé par Tanguy Dumortier, présentateur de la célèbre émission belge le Jardin extraordinaire.
jhm quotidien : Pour commencer, comment est né ce projet ?
Olivier Larrey : Le premier « Taïga » présentait les grands animaux représentatifs de la grande forêt d’Europe du Nord, le deuxième, « Tundra », était sur l’Arctique. À chaque fois, je faisais les photos et Yves, les peintures. Ce troisième projet est parti de la Finlande, du projet Taïga, durant lequel on avait été touchés par une observation très courte de Loups. On voulait y retourner, mais cette fois avec une entrée espèce. Après deux-trois ans à réfléchir, juste à la fin du Covid, on a eu la possibilité de faire une première mission dans un endroit où il y avait une meute de Loups bien établie.
Dans quel endroit précisément ?
O.L : C’était à la frontière avec la Russie, à côté d’une petite ville qui s’appelle Kuhmo.
C’est une mission qui a duré combien de temps ?
O.L : Treize jours. On en a parlé à un ami réalisateur, Tanguy Dumortier, qui nous a proposé de faire une émission de télévision sur notre projet. On s’est rendu compte que rester dans un affût sans jamais sortir ça portait ses fruits et donc on a réitéré en septembre de la même année, mais cette fois-ci pour nous avec l’idée de filmer, de photographier et de peindre notre aventure. Dans Terre de loups, il y a des images des cinq voyages qu’on a faits entre 2021 et 2022.
Comme une sorte d’addiction ?
O.L : Chaque projet nous a donné une raison de revenir.
Pourquoi le loup ?
O.L : C’était lors d’une nuit magnifique, en 2016, en hiver. Il faisait – 20°C, j’étais tout seul dans une cabane depuis six jours et là d’un coup une meute se met à hurler, ça m’a saisi. Donc j’ai voulu travailler sur cet animal. Et pour Yves, lui, ça a été lors d’une courte observation de 20 secondes.
jhm quotidien : Comment se sont passées ses cinq missions ?
O.L : On a réservé l’affût, prévu la nourriture et tout ce qu’il faut pour les quinze jours. Et après, c’est de la patience. Par exemple, pour la première mission en mars 2021, on a fait trois observations sur les treize jours. On en a eu une petite au bout du deuxième jour, puis plus rien jusqu’au septième jour, puis plus rien jusqu’au douzième jour où on en a fait deux. L’hiver, ça a été dur, mais en automne, on en a vu plus et beaucoup plus souvent.
jhm quotidien : Qu’est-ce qui vous a marqué ?
O.L : On s’est rendu compte que le paysage qui était toujours le même devant nous, changeait à la fois au fil des saisons, mais même lors d’une même mission, à la faveur des averses de neiges, des pluies, des orages, des rayons de soleil du matin, des beaux contre-jours. On a aussi vécu quelque chose d’assez étonnant : l’exclusion d’un loup de la meute, parce qu’il était grand et c’était le moment pour lui de comprendre qu’il fallait qu’il parte pour devenir autonome.
jhm quotidien : avez-vous d’autres projets en tête ?
O.L : Pas clairement. Déjà, je veux essayer de bien valoriser tout ce travail sur le loup. Par ce livre, je veux plonger le public dans la vie d’une meute de loup. On n’a pas la prétention d’avoir fait des observations scientifiques, on veut simplement donner une touche artistique. On a chacun essayé d’apporter un maximum de diversité, sachant qu’on était toujours assis sur la même chaise pendant les 80 jours.
Cette année, vous êtes le parrain du festival de Montier-en-Der, qu’est-ce que cela vous fait ?
O.L : Ça fait 14 ans d’affilée que je viens au festival. Et là, qu’on m’ait proposé d’être le parrain avec ce projet dans le pays que j’affectionne le plus à part le mien, ça me touche beaucoup.
Exposition visible à la Halle aux blés, à Montier-En-Der. Une projection du film documentaire, suivi d’un débat, en présence du trio au complet, sera organisée ce samedi 18 novembre à 18 h, à la salle des Fuseaux, à Saint-Dizier. Ouvert à tous. Inscription obligatoire.
Propos recueillis par Dominique Lemoine