Terrain glissant – L’édito de Christophe Bonnefoy
Parler d’immigration aujourd’hui offre une assurance : celle d’être critiqué de toute part, quel que soit l’angle abordé. Ou pour le moins de faire réagir, de manière différente selon la sensibilité politique.
Un phénomène forcément amplifié ces dernières semaines, à coup de sentiments exacerbés par le chiffre des OQTF. Entendez par là Obligation de quitter le territoire français. Ladite obligation n’existerait ainsi que virtuellement, ou quasiment, tant les reconduites effectives ne seraient qu’à la marge.
Dans ce contexte, la future loi sur l’immigration détaillée dans ses grandes lignes par Gérald Darmanin, allume d’ores et déjà la mèche d’un débat qui s’annonce enflammé. Si on résume le projet par la punchline du ministre de l’Intérieur, gageons qu’elle aura les mêmes effets que ses propos sur l’« éco-terrorisme » : faire causer, beaucoup, sans grand effet finalement, sauf peut-être à vouloir continuer à tirer sur l’ambulance. « Etre méchants avec les méchants et gentils avec les gentils ». On imagine déjà les piques lancées par les oppositions, toutes ayant un intérêt à se positionner sur le sujet. Le RN, bien sûr, qui ne supportera pas qu’on vienne investir son fonds de commerce, quoi qu’il en dise. Les autres, également, justement parce que d’un bout à l’autre du spectre politique, on cherche à venir chasser sur les terres du parti de Marine Le Pen. Thème porteur, s’il en est.
La loi s’efforcera, si on comprend bien l’approche du ministre de l’Intérieur, de trouver un juste équilibre entre plus grande fermeté et… intégration améliorée.
Par exemple en facilitant – en les simplifiant – les procédures d’expulsion quand, dans le même temps, on cherchera à mieux accueillir ou régulariser en créant un titre de séjour « métier en tension ».
Le projet fera évidemment l’objet d’échanges au sein de l’hémicycle. Terrain glissant ? A voir l’ambiance depuis la rentrée parlementaire, il est fort probable qu’on sera loin de la parfaite sérénité…