Tensions au sommet – L’édito de Patrice Chabanet
C’est un grand classique de la Ve République : ça tangue dans l’exécutif. En cause l’interminable dossier des retraites. La Première ministre, sans vraiment reculer sur le fond, plaide pour « l’apaisement ». De la lointaine Chine, Emmanuel Macron s’en tient, lui, à une position plus ferme. Pas question de céder, fait savoir son entourage. Il serait exagéré de parler de divorce ou de rupture. Mais on sait très bien en politique que les nuances de vocabulaire ne sont pas innocentes. Le patron de la CFDT n’a pas manqué de les pointer en saluant la tonalité « respectueuse » d’Elisabeth Borne.
Faut-il y voir un début de dégel dans un conflit en voie de glaciation ou des divergences d’appréciation entre l’Elysée et Matignon ? Sans doute les deux à la fois. Le niveau de la contestation – manifs et grèves – diminue au fil des semaines. Tôt ou tard, il faudra en sortir, car chacun des deux camps n’aurait rien à gagner de l’enlisement.
L’inévitable question qui se pose en pareille circonstance : la Première ministre risque-t-elle de perdre son poste pour incompatibilité d’humeur avec le président de la République, selon la bonne vieille théorie du fusible. Beaucoup dépendra de l’avis du Conseil constitutionnel. S’il valide l’essentiel du projet de réforme – ce qui semble plausible – il sera difficile pour Emmanuel Macron d’éjecter sa Première ministre. Surtout quand Laurent Berger affirme sans ambages qu’il est hors de question de remettre en cause la légitimité du Conseil constitutionnel. Un autre petit pas vers l’apaisement. Le feuilleton des retraites s’ouvre sur un nouveau chapitre.