Tendu, tout le temps – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il ne faut pas rêver. Ni s’enfermer dans la naïveté ou une certaine forme d’angélisme. Les libérations d’otages du premier jour, si belles soient-elles pour ceux qui sont sortis de l’horreur après négociation et leurs familles, ne doivent pas masquer l’envers du décor.
Derrière les sourires des innocents dont la vie ne tenait depuis le 7 octobre qu’à un fil, il y a, en premier lieu, la sauvagerie du massacre. Ne jamais oublier de quoi on est parti, pour analyser ce à quoi on arrive.
D’abord, entre Israël et le Hamas, c’est œil pour œil, dent pour dent. Et ça ne changera pas. La guerre continue, même si la trêve a relancé quelques espoirs d’un avenir un peu meilleur. La liberté retrouvée des victimes, elle, n’est pas non plus le fruit d’une mécanique humaniste. Le Hamas rend cette liberté. Pas pour le bien de la planète. Essentiellement pour temporiser, sans doute, face au déluge de bombes sur Gaza et sur le principe d’un calcul très simple : un otage libéré par les terroristes contre trois Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Dent pour dent quand il faut se battre. Aussi dès lors qu’on négocie. Rien n’est gratuit.
D’ailleurs, la fameuse trêve n’a rien de solide. Il n’a fallu que quelques heures pour le vérifier, même si on s’en doutait de toute façon. Après l’émotion de vendredi, la journée de samedi a montré à quel point il existe un gouffre entre les intentions et la réalité. Et combien il sera difficile de tenir les engagements de part et d’autre. Ce samedi, le Hamas annonçait, ni plus ni moins, ralentir la remise des otages. En cause, soi-disant, le non-respect par Israël des termes de l’accord négocié.
On ne change pas, d’un coup de baguette magique, la haine en amour.