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Temps jadis – L’édito de Christophe Bonnefoy

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“Ils” vous diront qu’après la manifestation de dimanche, derrière une gauche voulue (ré)unie, celles de ce mardi ont signé la poursuite d’une lutte qui vient agglomérer un peu plus encore les contestations, d’où qu’elles viennent. Que le succès est au rendez-vous. Ils ? Les syndicats, puisque c’était cette fois à leur initiative que les Français étaient invités à investir la rue et/ou se mettre en grève.

Sur le constat, chacun peut tomber d’accord, même le gouvernement. Les Français vivent des moments difficiles, particulièrement lorsqu’il s’agit de passer à la caisse des supermarchés ou des stations-service. Autrement dit, les fins de mois sont parfois si compliquées, qu’elles durent presque quatre semaines entières.

Sur le succès, et de la manifestation de dimanche, et de celles de ce mardi, on peut en revanche nuancer les discours les plus optimistes. Il suffit pour cela de se souvenir, par exemple, de ces mouvements qui, dans les années 80 ou plus tard, étaient capables de rassembler dans tout l’Hexagone plusieurs millions de personnes. Déjà, d’ailleurs, sur le sujet des retraites ou de la Sécurité sociale en 1995 et 2003. Ou encore, bien avant, en 1986 quand le ministre Devaquet prévoyait de réformer les universités. Ici, la CGT annonce royalement 300 000.

C’est beaucoup… et peu à la fois. Beaucoup, parce qu’il règne parfois une sorte de fatalisme chez nos compatriotes, peut-être né d’une période Covid largement anesthésiante. Pas évident, sûrement, de les mobiliser, même lorsque leur situation se tend. Peu, lorsqu’on se souvient qu’il avait suffi en 2018 d’un prix des carburants pourtant moindre qu’aujourd’hui pour enflammer le pays. Les motifs d’exaspération sont en cette fin 2022 bien plus nombreux.

On est loin du nouveau Front populaire annoncé dimanche par Jean-Luc Mélenchon. Mais l’erreur serait de considérer qu’un simple chiffre est le marqueur définitif d’une grogne. Nul doute que d’autres manifs viendront. Que d’autres colères pourraient venir s’adosser aux premières. Un peu le principe de la Cocotte minute…

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