Temporiser – L’édito de Christophe Bonnefoy
Face à la grogne, les solutions sont multiples : entrer directement dans le dialogue, afficher illico sa fermeté ou… temporiser. Devant la colère des Gilets jaunes, le gouvernement a dans un premier temps choisi la fermeté sur la revendication qui a abouti au 17 novembre : les taxes sur les carburants. Christophe Castaner a brandi le bâton sur l’aspect sécuritaire. Edouard Philippe, lui, a sorti le drapeau vert de l’écologie pour justifier sa volonté de ne pas renoncer en 2019 à faire augmenter lesdites taxes.
Mais la crainte d’un pourrissement du conflit et, dans l’urgence, la nécessité de ne pas se laisser déborder aujourd’hui par les manifestations, notamment à Paris, pousse-t-il la majorité, désormais, à temporiser ? Pas clairement, pas directement. Mais Brigitte Bourguignon, présidente LREM de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée, a par exemple appelé hier à un moratoire d’un trimestre sur la hausse des taxes sur les carburants. Inconcevable il y a encore quelques jours. On peut supposer que l’initiative de la députée n’est pas que personnelle. Pour le coup, sa proposition est, à bien y réfléchir, la plus constructive qu’il ait été donné d’entendre depuis des semaines. Presque ce qui aurait dû être un préalable. Une base de travail.
Autre signe qui pourrait ne pas tromper, la vignette sur les poids lourds se voit sine die reporter par l’Etat. Là aussi, la crainte d’une extension des colères ?
Personne ne sait encore quelles réponses seront apportées mardi par Emmanuel Macron aux Gilets jaunes – il s’exprimera sur la transition écologique -. Mais il semblerait que les lignes bougent. Doucement. Au moins vers une écoute plus attentive, et le dialogue qui pourrait en découler.