Tempo soutenu – L’édito de Christophe Bonnefoy
Cinq jours, cinq déplacements. Cinq occasions de prendre les reproches en plein visage. On ne peut pas accuser le nouveau Premier ministre de ne pas aller affronter les problèmes sur le terrain.
Le confort d’un état de grâce ? Connaît pas. Bon, d’accord, on relativisera la notion d’inconfort. Les déplacements d’un Président ou d’un Premier ministre sont ce qu’on veut bien en faire, entre spontanéité étudiée et écoute dont on se demande si elle sera suivie d’effets, surtout.
En tout cas, Gabriel Attal se sera vu confirmer le mal-être ambiant. Pour le moment, dans l’opinion, c’est un peu « on demande à voir ». De la même façon qu’une partie de la classe politique ne fonce pas encore tête baissée dans la critique.
Mais la tâche sera compliquée. Gabriel Attal entend, argumente face à ces Français qui posent sur la table leurs problèmes de pouvoir d’achat, de retraite ou de sécurité. Même si le Premier ministre bénéficie en ces premiers jours d’une certaine sympathie, il est et restera ce locataire de Matignon qui arrive en poste après quasiment sept ans d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Les oppositions ne se gênent ainsi pas pour dénoncer le bilan après ces sept années. Traduit autrement : pourquoi laisser espérer qu’on fera maintenant ce qu’on n’a pas su faire sur la durée de ce qui était auparavant un septennat ? Chacun ses arguments en la matière. Mais en voilà un qui est déjà dans l’air du temps.
Il ne faudrait pas oublier, non plus, que Gabriel Attal n’est pas chef de l’État. Le jeune âge et une certaine popularité pourraient en installer l’idée dans l’inconscient collectif. Emmanuel Macron est toujours président de la République. Si, si ! Il décide, Gabriel Attal exécute, aurait-on dit en d’autres temps.
Les joutes partisanes devraient très vite reprendre leur place, d’abord avec la déclaration de politique générale du Premier ministre et l’hypothèse d’une motion de censure. Mais aussi les polémiques liées aux nouveaux ministres en place. Nouvel élan ? Tout le monde attend de voir.