Témoignages de cyclistes
Ils sont présidents de clubs ou simples amateurs de petite reine, ils témoignent de leur quotidien sur la route.
L’accident dont a été victime mardi 7 février Aurélien Philibert suscite beaucoup de réactions et témoignages.
« Les gens sont égoïstes et ne partagent plus rien »
Jean-Marc Journiac président du Vélo club langrois, évoque la cohabitation sur la route entre cyclistes sportifs et automobilistes.
Rouler à vélo devient de plus en plus dangereux. En attestent les derniers chiffres de la sécurité routière, où 244 cyclistes sont morts sur les routes de France métropolitaine en 2022, en augmentation de 30 % depuis 2019.
Mardi 7 février, le cycliste haut-marnais Aurélien Philibert, qui porte les couleurs de la formation Philippe Wagner Cycling basée en Haute-Saône, a été percuté par un homme au volant de sa voiture, manifestement énervé.
Des comportements de plus en plus fréquents sur les routes que ce soit en zone urbaine ou bien en campagne. Président du Vélo club langrois, Jean-Marc Journiac a de plus en plus peur sur un vélo « surtout lorsqu’on est dans des zones urbaines. Tout cycliste qui a utilisé la route est en danger. Malgré tout, rares sont les cyclistes qui ont été agressés même si l’agression est dans l’air du temps. Les gens sont égoïstes et ne partagent plus rien ». Jean-Marc Journiac reconnaît également que tous les cyclistes ne sont pas irréprochables. « Chacun pense à sa pomme. C’est juste le reflet de la société actuelle. »
Pour le président du Vélo club langrois, ce phénomène ne date pas d’hier. « Au sein de notre école de vélo, on sensibilise les jeunes pratiquants à respecter le code de la route comme la façon de rouler et de se déplacer. On le martèle sans arrêt. Mais on voit qu’avec le rétrécissement des voies, on concentre tout le monde sur un espace restreint et du coup la cohabitation est plus risquée », confie Jean-Marc Journiac. Si la route appartient à tout le monde, toujours est-il qu’aujourd’hui faire du vélo devient plus en plus dangereux. C’est une réalité.
Romain Randoing
« On se fait souvent klaxonner »
Jean-Elie est un cycliste assidu et régulier. Ce dernier use l’asphalte et constate un comportement « souvent agressif de la part d’automobilistes ». « On se fait souvent klaxonner que l’on soit seul ou à plusieurs. Et parfois les rétros nous frôlent. Cela m’est arrivé à Langres entre les deux giratoires de l’entrée de ville. On était en file indienne mais on s’est fait quand même engueuler par une voiture », témoigne-t-il.
« Certains ne supportent pas les cyclistes, on ne sait pas pourquoi »
Jean est l’ancien président du club Cyclisme bragard 52, dont il était à la tête pendant sept ans jusqu’en 2022. Le non-respect des cyclistes par les automobilistes, « ça arrive à certains coureurs de notre club de Saint-Dizier. Sur la route, il y a des « tarés » qui nous frôlent, c’est sûr », indique celui qui a gardé en mémoire l’agression qu’a subie son fils, interpellé jusqu’au feu rouge par un conducteur discourtois.
Jean ne veut pas généraliser, car il a souvent croisé des conducteurs automobiles « sympas, qui s’écartent vraiment bien. Mais certains ne supportent pas les cyclistes, comme on le voit sur les routes secondaires que l’on fréquente et on ne sait pas pourquoi ».
Si Jean roule moins qu’avant, il prend toujours son vélo pour les petites trajets, dans son village, à Villiers-en-Lieu. « Je garde la passion du vélo ! » Mais il reste évidemment effaré par les faits qui se sont produits sur la D 52 entre Plesnoy et Peigney. « Là, c’est grave ! »
N. F.
Fabrice Motz : « Ce n’est pas pire qu’avant »
Educateur à l’école de cyclisme du Vélo Club Langrois, Fabrice Motz estime que la situation n’est pas pire qu’avant, lui qui pédale depuis 45 ans.
Ancien coureur, cycliste pour toujours, trésorier du Vélo Club Langrois mais et surtout éducateur à l’école de cyclisme du VCL, Fabrice Motz avec ses 45 années de vélo a le recul nécessaire pour donner un avis éclairé sur les relations entre cyclistes et automobilistes.
« Ça n’a pas beaucoup évolué. J’ai toujours connu les mêmes comportements. Il y a certes beaucoup plus de circulation qu’il y a 30 ans mais j’ai toujours connu cette animosité entre automobilistes et cyclistes. Je pense qu’il y a des torts partagés, mais pour ma part je n’ai jamais rencontré de véritables problèmes. Bien entendu, il y a toujours une voiture qui vous frôle avec son rétroviseur par exemple. A l’école du vélo, on apprend aux jeunes le respect du code de la route. On leur apprend également à se rabattre lorsqu’une voiture nous dépasse. Il y a toujours un éducateur devant et derrière pour les encadrer. En tant qu’éducateur, on pense toujours à l’accident, donc on est très vigilants », commente Fabrice Motz. Ce dernier garde en souvenir un séjour en Espagne où la situation semble tout autre. « Il y a beaucoup plus de respect pour les vélos. J’ai observé qu’il y avait beaucoup de panneaux pour indiquer le passage de cycliste, qu’il faut garder une distance de sécurité de 1,5 m lors d’un dépassement. D’ailleurs les voitures attendent généralement d’avoir de la place pour nous doubler sinon, elles attendent », témoigne-t-il.
Ph. L.
