Témoignage : “A Maine-de-Biran, ils m’ont sauvé la peau”
Dans le débat autour du Centre hospitalier haut-marnais spécialisé en psychiatrie, Mélissa souhaite apporter son témoignage sur ce qu’elle a connu à Maine de Biran. Grâce à leurs compétences, leur patience et leur présence à toute heure, les soignants lui ont sauvé la peau. Récit.
Au-delà de son déclassement, au-delà d’une éventuelle fusion avec d’autres structures et au-delà des propos incendiaires de Jérôme Goeminne, le directeur du Groupement hospitalier de territoire, une patiente du CHHM et plus particulièrement du centre médical Maine de Biran apporte une autre vision de ce genre de structure.
Mélissa (un pseudo pour ne pas être cataloguée) a été hospitalisée en avril 2019. Elle s’enfonçait dans sa vie et était victime d’un burn-out caractérisé par un épuisement total. Il fallait l’extraire de son quotidien en urgence. Elle raconte avoir été très vite prise en charge d’une minute à l’autre avec le prêt de linges de maisons, de vêtements de nuit et d’un nécessaire de toilettes.
Une vue sur l’extérieur
Hospitalisée, Mélissa est restée libre de ses mouvements pendant trois semaines avec des autorisations de sorties sans restriction. Alors, lorsqu’elle entend parler, dans les phrases de Jérôme Goeminne de milieu carcéral, de siestes forcées ou de suremploi de médicaments, elle ne reconnait pas l’établissement qui lui a sauvé la peau.
Mieux : elle raconte avoir effectuer « des choses inconnues en psychiatrie » comme marcher le long du canal, visiter le musée de Langres et les remparts, bénéficier de massage par une infirmière ou accéder à de la musicothérapie, à de la manucure et même à une grande salle de bains qui lui a apporté beaucoup de bien-être tout comme les séances de relaxation qui lui permettent de travailler son mental.
Loin de l’image donnée de prison, la femme d’une quarantaine d’années venue de Joinville se souvient être allé à la piscine avec les moniteurs, sur des créneaux horaires spécifiques. Elle a cuisiné, joué au scrabble avec des soignants disponibles jour et nuit. Le tout sous la surveillance étroite d’un médecin généraliste et psychiatrique.
Accompagnement quotidien
Si ses compagnons d’infortune étaient parfois somnolents, elle précise que les traitements sont rapidement adaptés. Elle n’a jamais été assommée par les médicaments et jamais isolée. Au contraire, elle a beaucoup parlé avec les autres durant les activités, lors de prises de parole et grâce à la mise à disposition permanente d’un psychologue.
De ces deux séjours à Maine de Biran, elle retient aussi les courses faites en ville, le café pris dans un bar chaumontais et offert par la direction. Bref, elle ne comprend pas les propos du directeur en se souvenant de « grands professionnels qui font preuve d’empathie, d’attentions pour un suivi minute par minute ». Elle juge l’ouverture vers l’extérieur primordiale pour ne pas être « coupée de la vraie vie ».
De surcroît, Mélissa estime que la qualité de prise en charge va au-delà de l’hospitalisation. Elle se poursuit à la sortie avec un accompagnement sur la longueur et, en l’occurrence, à Saint-Dizier avec un suivi permanent entre psychiatre, psychologue et infirmière. Elle parle de « la patience d’ange » de tous ces soignants sans avoir déceler le moindre dérapage. Elle se souvient plutôt de leur sourire.
Aujourd’hui, Mélissa a repris le travail « grâce à eux ». C’est là sa plus belle victoire. « Sans eux, je n’en serais pas là. Ils m’ont sauvé. Je suis dans la vraie vie grâce à eux ».
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr