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Témoignage. Après 39 ans dans un immeuble du Vert-Bois, une habitante raconte

VISIONS DE GRAND ENSEMBLE. On débute notre série consacrée aux habitants du quartier du Vert-Bois, à Saint-Dizier (Haute-Marne), avec le témoignage d’Evelyne Ganhy. La Bragarde a vécu plusieurs décennies dans le bâtiment Orcades. Il y a moins d’un mois, la retraitée a dû déménager, car cet immeuble doit être détruit.

Après 39 ans dans le bâtiment Orcades, au Vert-Bois, Evelyne Ganhy a quitté son appartement, le 26 mai dernier. Le 4 juin, la Bragarde de 69 ans a rendu les clés. Orcades fait partie des immeubles qui seront détruits dans le cadre du programme de renouvellement urbain. Il doit tomber en début d’année prochaine.

Evelyne Ganhy savait qu’elle devait s’y résoudre. Mais ce déménagement a été un vrai pincement au cœur. Car elle résidait dans ce logement depuis juin 1982. A l’époque, ses enfants avaient 2, 3 et 12 ans. Elle les a vus grandir dans ces murs, se chamailler, s’amuser dans les allées du quartier… La retraitée a connu des moments de bonheur, mais aussi des périodes douloureuses. Tout un pan de sa vie s’est construit autour du bâtiment Orcades.

« On ne fermait pas la porte à clé »

Avant d’y habiter, Evelyne Ganhy et sa famille résidaient dans le bâtiment Diane, anciennement “F”. Mais ils avaient besoin de plus de place. Alors ils ont déménagé dans un F5 de cet immeuble de trois étages, qui a accueilli ses premiers locataires en 1957. « C’était le premier bâtiment du programme des 1 000 logements qui a été inauguré », précise Fabien Voillequin, fils d’Evelyne Ganhy, et passionné de l’histoire du quartier.

« Les souvenirs, on ne peut pas les effacer »


Evelyne Ganhy.

Il y a plusieurs entrées dans cette barre tout en longueur. Mais Fabien Voillequin, son frère, sa sœur et sa maman ont surtout tissé des liens avec les voisins de leur entrée, au bout du bâtiment. La voisine de palier d’Evelyne Ganhy, par exemple, a vécu dans son logement de 1957 jusqu’en 2017, soit soixante ans. La Bragarde connaît donc bien cette dame. « Dans les grandes tours, les gens se connaissent moins bien », estime-t-elle, avant de penser à cette autre anecdote : « Un jour, une voisine est venue ici et m’a appris à faire le couscous ».

Nouvel appartement à Junon

« On ne fermait pas la porte à clé, on laissait la voiture ouverte », se souvient-elle encore. De l’entraide, de la confiance… Une bonne ambiance régnait dans ce petit cercle du 17, rue de l’école. Fabien Voillequin peut en témoigner. « Il y avait une quinzaine de gosses à cette entrée-là, dans les années 1980 – 1990 : on s’entendait bien, il n’y avait jamais d’histoires », raconte celui qui était scolarisé à l’école Brossolette. « Les souvenirs, on ne peut pas les effacer », résume Evelyne Ganhy.

« Les jeunes allaient jouer dans l’herbe, les mamans venaient aussi, on jouait à la pétanque, on faisait des barbecues l’été… », continue la Bragarde, qui a travaillé comme femme de ménage au lycée Blaise-Pascal, à Miko, ou encore aux Restos du Cœur.

Le bâtiment Orcades, en août 2001. (Photo de la collection de Cindy et Fabien Voillequin)

Fabien Voillequin, en regardant les photos d’époque, se rappelle aussi du carnaval du Vert-Bois, qui traversait le quartier en long, en large et en travers. Ou encore de la fête foraine qui avait lieu en même temps, au foirail. Evelyne Ganhy et son fils ont aussi de bons souvenirs de la glorieuse époque du centre commercial. « C’était accueillant, il y avait de tout : une poissonnerie, des boulangeries, des banques, un bureau de tabac… »

Le paysage a bien changé au Vert-Bois : moins d’habitants, moins de commerces, moins d’immeubles… Mais Evelyne Ganhy y a « toujours été bien », assure-t-elle. « Comme partout, il y a des coins tranquilles, et d’autres où ça ne va pas. »

La Bragarde a emménagé à Junon, à 400 m d’Orcades. Elle n’est pas trop dépaysée. « Mais je verrai mon bâtiment tomber. » Car oui, c’est « son » bâtiment, après toutes ces années. Le quitter n’a pas été évident.

Clotilde Percheminier


L’histoire de Saint-Dizier en photos

Le nom de Fabien Voillequin vous dit peut-être quelque chose. L’homme est un des administrateurs du groupe Facebook “Tu sais que tu as habité St-Dizier si…”. Lui et sa compagne Cindy aiment faire des recherches dans les journaux d’époque et postent régulièrement des photos du passé de Saint-Dizier et du Vert-Bois.


“Visions de grand ensemble” : des habitants témoignent

Le Vert-Bois n’en est pas à sa première transformation. Si des opérations de renouvellement urbain se déroulent sous nos yeux, certains habitants ont aussi vu celles d’autrefois. Certains y vivent depuis des décennies. C’est le cas d’Evelyne Ganhy, mais nous en avons rencontré d’autres. Un volet fera aussi la lumière sur les vertus du foot dans ce quartier.

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