Tel le chat échaudé – l’édito de Patrice Chabanet
Le calvaire du débat sur les retraites a laissé des traces. Confirmation en a été apportée par la Première ministre elle-même : pas question d’ouvrir le dossier de l’immigration. Les mêmes causes ayant les mêmes effets, là encore il n’y a pas de majorité. Tout débat se transformerait à nouveau en empoignades peu glorieuses pour la démocratie. Mélenchon, fidèle à ses outrances, a déjà commencé en conseillant au gouvernement de « s’en aller lui et ses réformes ». Les autres oppositions le disent avec des formules plus feutrées mais se gardent bien de présenter une copie claire et détaillée de leurs contre-propositions. Entre les suggestions expéditives du Rassemblement national et les positions angéliques des Verts et de ce qui reste des Républicains et des socialistes version Olivier Faure, on ne voit pas l’esquisse d’une « majorité d’idées ».
Exit donc le dossier qui fâche, l’immigration. Elisabeth Borne a fait l’article de « solutions concrètes ». Une façon de donner du contenu à la feuille de route qu’Emmanuel Macron lui a demandé d’élaborer dans les cent jours à venir. Pêle-mêle y figureront un projet de loi « industrie verte », un autre sur le « partage de la valeur » avec en filigrane la revalorisation des salaires, un autre encore sur la rénovation thermique de l’habitat. Autant de dispositions destinées à montrer une gouvernance du pays plus proche des gens. L’intention est louable mais un quinquennat ne peut se réduire à la seule gestion des choses de la vie. De grands projets inatteignables constituent un échec historique. Passer outre donne une dimension plus glorieuse de l’action et du combat politiques.