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Taxi, le transport sanitaire en cours de transformation 

Le temps d’une course, jhm quotidien s’est embarqué dans un taxi.

DANS LA VOITURE DE…  Cette semaine, et plus précisément vendredi 2 février, jhm quotidien a embarqué dans la voiture de Jean-Philippe, chauffeur de taxi salarié. Depuis quelques années, l’activité évolue vers les courses sanitaires partagées. Ce qui ne déplaît pas. 

Il pleut. Dans les rues d’une grande ville, un homme s’approche d’un taxi et dit : « Pouvez-vous m’emmener à la gare ? » Il monte dans la voiture et part. Voilà l’image du métier que véhiculent films et séries. Pour les grandes villes, ce n’est pas faux en soi. En revanche, en zone rurale, la réalité est tout autre. Si les courses de ce type ne sont pas totalement inexistantes, ce sont surtout celles liées au transport sanitaire qui rythment les journées d’une bonne partie des chauffeurs de taxis bragards.

À l’instar de Jean-Philippe, surnommé « Bill », salarié dans une entreprise faisant à la fois taxi, VSL et ambulance, que nous rencontrons ce vendredi 2 février. « Aujourd’hui, je dois aller à Bar-le-Duc, puis à Reims et enfin dans les Vosges. Ça va être une grosse journée. » 

« On le fait quand on peut se le permettre »

Après l’avoir rejoint, rue des Clefmonts, nous filons à Marnaval récupérer Chantal qui doit se rendre à l’hôpital. « Ils disent que j’en ai pour une demi-heure », explique-t-elle. Or, au départ, le rendez-vous devait durer plus longtemps et le trajet retour devait être effectué par un autre conducteur. Mais pas de souci pour Jean-Philippe, fin connaisseur des rouages du métier. « Ça, c’est notre quotidien. Il faut être réactif. » 

Cela fait 15 ans qu’il exerce cette profession et « 95 % » du temps, il assure le transport de patients. « Sur Saint-Dizier, on n’a pas d’aéroport, on n’a pas de grande gare, on n’est pas dans une zone touristique. On a beaucoup de boulot dans le transport de personnes malades, c’est pour ça que c’est vraiment occasionnel les courses payantes de particulier. » 

En 15 ans, sa profession n’a pas vraiment changé et il s’agit toujours de transporter « des personnes d’un point A à un point B ». Enfin à quelque chose près. « Il y a plus d’activité. Depuis quelque temps, je me rends compte qu’on a davantage de personnes qui font de la chirurgie ambulatoire. Elles rentrent le matin et ressortent le soir », analyse Jean-Philippe. « D’un côté ça peut être le canal carpien qui peut aller relativement vite ou alors d’un autre ça peut être une coronographie et là, la personne peut ressortir aussi bien à 13 h, à 16 h qu’à 19 h. C’est très compliqué à gérer. »

Ce que confirmera au retour, Aurélien, posté à la régulation, service en charge de coordonner les chauffeurs. « Des fois, on nous appelle en disant, « Voilà, le patient est prêt ». Alors qu’on a une heure et demie de route… »

Ce n’est pas la seule évolution. S’il existait déjà depuis quelque temps, le partage des courses sanitaires semble se faire de plus en plus. « On le fait quand on peut se le permettre. C’est-à-dire quand c’est deux personnes qui se trouvent dans la même clinique ou à proximité et qu’ils sortent à peu près à la même heure. On s’organise et les gens sont compréhensifs », précise Jean-Philippe. Sur le siège arrière, Chantal, qui n’a pas encore essayé, est d’ailleurs ouverte à cette option : « Plus on est de fous, plus on rit. »

La peur de la mutualisation à outrance

Cette pratique risque notamment de s’accentuer avec l’adoption en décembre 2023 de la loi de financement de la Sécurité sociale, qui implique l’obligation implicite pour le patient de recourir à ce mode de voyage « en simultané ». Autrement dit, si son état de santé n’est pas incompatible avec cette solution, un patient refusant un transport sanitaire partagé sera moins remboursé. 

Si sur le plan organisationnel, cela ne pose pas de problème, c’est sur le plan humain que Jean-Philippe voit des limites. Surtout si le transport partagé devient la norme. « Pour le confort des patients, ce ne sera pas une bonne chose. Et puis on va perdre l’aspect relationnel, des confidences… Il n’y aura plus de proximité », explique-t-il sur le chemin du retour, avant de repartir sur une prochaine course. 

 Un manque de licences et d’agréments

Au retour de la course réalisée par Jean-Philippe, un détour par la régulation s’impose. Là-bas, entre deux questions, une problématique ressort : l’impossibilité de faire face à la demande. « Du fait du numerus clausus sur le département, on ne peut plus créer de licences taxi ni d’agrément d’ambulance VSL. Dans le secteur de Saint-Dizier, on arrive à saturation », constate Aurélien, régulateur et directeur général dans une entreprise de transport. « Je refuse entre cinq et dix demandes par semaine sur du régulier. Ça fait deux ans et demi que je suis à la régul’ et ça fait deux ans et demi que c’est comme ça. »

La problématique est remontée aux oreilles de Laurence Robert-Dehault qui en a fait part, ce mardi 30 janvier, à l’Assemblée nationale. Le gouvernement lui a répondu. « L’ARS a fait le choix de maintenir le nombre de véhicules dans le département malgré la baisse de population. Elle a également attribué quatre autorisations supplémentaires pour des ambulances hors quotas dédiés au transport urgent. »

Les taxis haut-marnais parmi les plus chers de France 

Comme le précise le gouvernement sur son site internet, « les tarifs d’une course de taxi, leur communication au client et le réglage du taximètre sont réglementés ». Les prix des courses, entrant en vigueur le 1er février de chaque année, varient en fonction du département dans lequel on se trouve. Un simple coup d’œil sur le tableur des taxis de France permet de se rendre compte qu’en 2023, la Haute-Marne figurait parmi les départements où le tarif pour un kilomètre est le plus élevé.

Avec un prix fixé à 2,40 € le kilomètre, il se révèle certes moins cher que les Alpes-Maritimes et la Corse, à 2,42 €, mais bien plus cher que ses voisins que sont l’Aube (2,10 €), la Marne (2,18 €) et la Meuse (2,08 €). Ce qui a le don de faire bondir un chauffeur de taxi bragard indépendant, exerçant depuis 38 ans. « On est obligé de faire des remises, pour les plus petits particuliers, parce que sinon on ne nous sollicite plus », s’agace-t-il. « On a le droit, on le fait, mais ce n’est pas normal. » 

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