Tarzan dans son plus simple appareil
Divorce, alcool, illettrisme, solitude et misère sexuelle… Habité par frustrations et inhibitions, Johnny Weissmuller est sujet aux maux de nombreux naufragés de la vie. Sa journée de travail achevée, le quinquagénaire tue le temps à l’ombre d’un comptoir d’un café de quartier, là où subsiste un semblant de lien social, là où habitués daignent ne pas ignorer clients de passage et âmes grises. D’une rencontre à une autre, Johnny Weissmuller aura tissé une relation avec une cliente. Une relation particulière… Le rideau du bistrot baissé, homme et femme se retrouvent régulièrement au domicile de monsieur. «J’ai l’habitude d’être nu chez moi, je me déshabillais quand nous arrivions. Cette femme est venue plusieurs fois chez moi, elle n’avait jamais été offusquée», affirmait le prévenu.
Le 19 juin 2012 au soir, Johnny Weissmuller décide de fêter son anniversaire en compagnie de son amie. Homme et femme boivent un verre. L’hôte s’éclipse au bout de trente minutes. Surnommé Tarzan, Johnny Weissmuller se présente subitement dans le plus simple appareil. Grisé par bière et whisky, l’homme de mauvaises manières se masturbe devant son amie. Une simple habitude aux dires d’un prévenu confiant avoir commis la jouissive et basse œuvre à plusieurs reprises par le passé. «Six ou sept fois, sans le moindre problème», précisait le sémillant et coquet quinquagénaire. Cheveux poivre et sel, svelte, vêtu d’un sémillant trois quart de style anglais, canne-parapluie en main, le prévenu était trahi par la suite des événements précités. Forte d’un certificat médical attestant d’une interruption totale de travail de deux jours, la victime aura confié aux enquêteurs avoir été plaquée au sol et immobilisée avant d’être parvenue à prendre la fuite.
Agression «caractérisée»
«Ce dossier est révélateur d’une certaine détresse humaine et culturelle», soulignait le procureur Prélot. Arguant du casier vierge du prévenu, le représentant du ministère public requérait une peine de six mois de prison intégralement assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve comprenant des obligations de soins afin de sanctionner une agression «caractérisée». Le procureur Prélot sollicitait par ailleurs une inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes (FIJAISV).
«Ces deux personnes ont été brisées par la vie, martelait Me Aïdan au nom du prévenu. La victime a involontairement contribué à créer la situation en acceptant des comportements pour le moins inhabituels ! Les poursuites pour exhibition posent clairement problème dans ces conditions. D’intelligence moyenne, après avoir consommé de l’alcool, monsieur s’est autorisé à avoir un contact physique avec la victime, mais cet homme a pris conscience de ses problèmes ! Il est suivi par un psychologue et a compris le sens de sa comparution devant ce tribunal.»
Déclaré coupable de tentative d’agression sexuelle, Johnny Weissmuller a été condamné à deux mois de prison avec sursis. Obligations de soins et inscription au FIJAISV auront été écartées par le tribunal.