Sylvain Templier, député du sud Haute-Marne, face aux doutes des agriculteurs
Sylvain Templier, député du sud Haute-Marne, est allé aux devants d’agriculteurs du secteur de Bourbonne-les-Bains. Il a écouté leurs doléances et leurs nombreuses inquiétudes. Reportage.
Un député, fils d’agriculteur – il aime à le répéter- à la rencontre d’agriculteurs haut-marnais. Sylvain Templier s’est rendu dans trois exploitations agricoles du secteur de Bourbonne-les-Bains. Co-animateur du groupe de travail “se nourrir” issu des réflexions de la convention citoyenne pour le climat, il contribue actuellement au projet de “loi climat” qui sera débattu en mars à l’Assemblée nationale, en particulier pour son chapitre alimentation.
L’immersion a commencé au Gaec Saint-Marcellin, à Villars Saint-Marcellin, dans lequel trois associés et une salariée produisent 1,3 million de lait par an avec 140 vaches laitières de race Prim’holstein. En matière d’alimentation, la famille Detroye a pour obsession d’être, au maximum, autosuffisant. Or, depuis plusieurs années, elle s’heurte à des sécheresses successives qui entravent les stocks fourragers et augmentent les coûts alimentaires et, de manière générale, les charges.
En parallèle, Francis Detroye rappelle que les prix imposés aux agriculteurs n’augmentent pas depuis 40 ans. Le jour de la visite de Sylvain Templier, le Gaec a vendu 20 € un veau mâle de 8 jours ! Le prix du lait qui part chez Lactalis stagne voire régresse alors que les tourteaux, avec la montée du prix du soja et colza, sont « intouchables » financièrement. La loi Egalim n’y fait rien. Les associés déplorent même de ne pas pouvoir discuter avec l’entreprise sur les quantités produites. Grâce à l’arrivée d’un nouveau membre, ils ont augmenté leur production plus vite que prévu et ont demandé une certaine latitude. Peine perdue. Ce surplus va être donné aux Restos du cœur ou jeter.
Pas de solutions miracles
Les plus anciens du Gaec ne cachent pas leur lassitude face à leur métier. Ils annoncent la disparition des producteurs de lait à court terme du fait de l’usure et du dégoût qui s’installent dans les fermes. Quant à l’idée de construire des filières courtes tant défendues par les politiques actuellement, elle ne correspond pas à de telles structures qui sont isolées sur le territoire. Il faudrait 300 000 habitants de plus en Haute-Marne !
Francis Detroye explique qu’il faudrait « nourrir le monde pour rien. Nous n’y arrivons pas ». Ce à quoi, Sylvain Templier répond qu’il n’y a « pas de solutions miracles » sans oublier pour autant qu’un agriculteur détient dans ses mains sept emplois. Les membres du Gaec de Saint-Marcellin préviennent : « après l’acier, le charbon, le textile, la France est en train de perdre son agriculture. Il faut avoir la foi pour continuer. Ce n’est même plus une question d’argent ».
Frédéric Thévenin
Bovins, ovins et méthaniseur sous la houlette
Autre ambiance mais même discours au Gaec des Houlettes, à Bourbonne-les-Bains. La famille Clerc y élève des vaches allaitantes, des ovins et a construit un méthaniseur. L’atelier ovin a tendance à diminuer au profit des vaches allaitantes qui permettent, en partie, d’alimenter le méthaniseur d’une puissance qui correspond parfaitement aux capacités de l’exploitation. Autrement dit, le Gaec n’a pas besoin d’aller chercher des fourrages ailleurs que sur la ferme.
Aux côtés de son père, Stéphane Clerc explique développer l’utilisation de couverts sur les cultures, ne plus pratiquer le labour et limiter au maximum l’emploi de produits phytosanitaires. Mais, cette logique est entravée par les sécheresses et elle n’est possible qu’avec le soutien de produits comme le glyphosate. Un débat s’est lancé avec le député qui incite à n’employer aucun produit chimique tout comme il incite à manger moins de viande. Ce à quoi les agriculteurs répondent qu’à l’heure actuelle, au vu des recherches, « c’est impossible » à moins de ne plus produire, vouloir diminuer la rentabilité des fermes et importer des produits issus de pays moins vertueux qu’en France. Sylvain Templier précise malgré tout que la France possède la meilleure agriculture au monde.
Les légumes secs pour leurs protéines végétales
Dernière étape au Gaec des Plantes, à Genrupt, où Céline Carbillet s’est installée le 1er janvier dernier. Son père avait choisi d’arrêter la production de lait. Elle a opté pour la production de légumes secs en plus des céréales et du foin. Sur 10 ha, elle produit des lentilles vertes, des pois chiches et des haricots secs avec la difficulté de faire face aux sécheresses. Cultivés sans phyto, ils sont commercialisés en vente directe sur site (avec d’autres produits locaux), dans des dépôts-ventes à Langres, Chaumont, en Côte-d’Or, sur des marchés, des foires et lors de la Fête des Lentilles.
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