Surréaliste – L’édito de Christophe Bonnefoy
Surréaliste… et pourtant tellement dans l’air du temps. On visionnerait un film de science-fiction, qu’on ne serait pas étonné. Sauf qu’ici, on est dans la vraie vie.
Celle où une université envisage de fermer temporairement ses portes et de dispenser ses cours en distanciel pour dénoncer l’insécurité – qui ne tient pour le coup pas que d’un sentiment diffus – liée au trafic de drogue à quelques mètres des amphithéâtres. Un trafic structuré, avec pignon sur rue, pour ne pas dire guichet et enseigne bien visibles des clients, étudiants ou pas. Etudiants, parce qu’on imagine bien, ne nous voilons pas la face, que les dealers ne sont pas là par hasard. Comme on dit, il n’y a pas d’offre sans demande. On imagine mal en effet des trafiquants faire leurs petites affaires devant l’Ehpad du coin.
Comme on dit de l’école qu’elle est un sanctuaire, il doit évidemment en être de même pour les facs ou autres structures du même type. Là, en l’occurrence, on est à Marseille et on connaît la guerre qui s’y mène pour la conquête de territoires. Avec les morts qui vont avec. Et qui dit vente de drogue, dit aussi menaces, insultes, agressions et toutes sortes.
La décision de poster de manière permanente des forces de police aux abords de l’établissement répond, de façon rapide, à une situation d’urgence. Elle ne réglera toutefois pas un problème qui se déplacera ailleurs, sans doute pas très loin. Et plus largement, on ne peut envisager de faire de même devant toutes les universités de France. C’est d’abord inenvisageable en terme d’effectifs. Et tout autant sur un plan sociétal. Etre obligé de bunkériser des écoles, c’est déjà faire le constat d’un échec. On ne peut croire qu’à l’avenir, il faudra systématiquement et de manière durable faire des lieux d’enseignement des casernes, véritables barrières anti-violence. C’est contre-nature.