Surréaliste – L’édito de Christophe Bonnefoy
Que Vladimir Poutine ait engagé son pays dans une sorte de guerre totale est une évidence. Tous les moyens lui sont bons pour imposer sa soif de conquête – et tromper son monde. On a vu jusqu’où il était prêt à aller pour faire de l’Ukraine l’une des ses provinces. Pour faire des Ukrainiens ses sujets, en quelque sorte. Le nucléaire n’est visiblement plus tabou, dans la bouche du maître du Kremlin. Reste à savoir où est la part de bluff, et à l’inverse où se situent les véritables intentions.
Quant aux référendums surréalistes organisés ces derniers jours, ils trouveront leur ridicule apogée dans les cérémonies organisées ce vendredi à Moscou. On fêtera sur la place rouge l’annexion des régions de Donesk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia. En grande pompe, comme si les pseudo-votants avaient d’une seule voix choisi de rallier la grande Russie. Personne n’y croit. Le reste de la planète, si un embrasement n’était pas envisageable, pourrait carrément en rire. En Russie même, il devient de moins en moins certain que la population adhère à ce jusqu’auboutisme de Poutine. Pour preuve les manifestations, qui commencent à se multiplier dans le pays. Ou encore, tout aussi révélateur, l’exode vers les pays voisins de ceux, mobilisables, qui refusent de prendre les armes et de se plier à la folie de Poutine.
Une folie qui n’en est pas tout à fait une en fait. Mais plutôt une certaine nostalgie des temps passés. On s’en doutait, mais c’est encore plus clair en l’exprimant. Pour Poutine, l’intervention russe en Ukraine est le résultat de « l’effondrement de l’Union soviétique ». Tout est dit. Ce qui a de quoi inquiéter, un peu plus encore.