Surréaliste – L’édito de Christophe Bonnefoy
A la limite du haut le cœur. Même si on prend soin d’écouter les arguments. Et quelles que soient les précautions qu’on nous explique avoir prises envers les animaux. Ou encore les bénéfices pour le bien-être des humains qu’on voudrait nous vendre. Voire l’intérêt environnemental qu’induirait la pratique, puisqu’on vient nous dire qu’elle réduirait « l’usage d’antibiotiques en élevage et (…) les émissions de nitrates et de méthane liées à l’élevage ». Les images tournées par L214, et commentées par l’animateur Nagui sont, comme d’habitude, choquantes. C’est le but de l’association de défense des animaux : réveiller des consciences qui ne le seraient pas forcément si on ne faisait que dénoncer par les mots. Le poids des images, donc, pour montrer, crûment, et révéler l’incroyable.
Car il faut voir pour croire, en l’occurrence. Qui aurait imaginé, un jour, pouvoir observer des “vaches à hublot”, des opérateurs venant y plonger les bras pour accéder à l’estomac de l’animal ? La “fistulisation” est légale. Et elle existe depuis longtemps. Tout le débat réside dans l’interprétation du Code rural, qui prévoit que « l’expérimentation animale n’est licite qu’en cas de stricte nécessité ».
Mais au-delà de ce qui est autorisé et ne l’est pas – après tout, ladite expérimentation animale en laboratoire est entrée dans les mœurs et peut s’accepter ; elle est essentielle pour l’évolution de la science -, c’est bien évidemment l’instantané, l’image même qui retourne l’estomac, des humains cette fois. Dans ce cas précis, elle a un côté science-fiction qui peut faire peur. Glaçant.