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tribunal judiciaire chaumont

Surpris à céder des stupéfiants, il part en prison pour 6 mois

tribunal judiciaire chaumont

Déféré vendredi 4 août au matin, Gaël T. a comparu devant le tribunal judiciaire de Chaumont l’après-midi même. Surpris par une patrouille de policiers à céder des stupéfiants à Chaumont la veille, il a été condamné à 3 mois ferme, auxquels d’ajoutent un sursis probatoire de 3 mois, qui a été révoqué. Une « dernière mesure de clémence » a prévenu la présidente du tribunal à l’adresse du prévenu qui aura 20 ans à la fin du mois.

Jeudi 3 août, une patrouille de police voit Gaël avec un individu. Se sachant remarqué, ce Chaumontais laisse brusquement son interlocuteur, et jette quelque chose dans des buissons. Ce sont plusieurs sachets de résine de cannabis et de cocaïne dont il s’est délesté. Interpellé, le jeune homme qui aura 20 ans à la fin du mois reconnaît sans difficulté qu’il remettait des stupéfiants à la personne avec laquelle il était. Il confirme aussi que les 280 € en petites coupures qu’il a sur lui sont le produit de la transaction. Une perquisition de son domicile mettra à jour des balances de précision et une boîte métallique renfermant cannabis et cocaïne. « Je suis un consommateur, les 600 € par mois que ces ventes me rapportent me permettent de contribuer à remplir le frigo de ma mère, chez laquelle je vis ». Gaël n’a pas donné un seul nom d’acheteur. En octobre dernier, il a été condamné pour les mêmes faits par le tribunal judiciaire de Chaumont. Ce vendredi 4 août, i comparaît donc pour des faits commis en récidive.

« Je ne savais pas comment me faire suivre »

Placé dès son plus jeune âge, le jeune homme explique qu’il fume du cannabis depuis ses 14 ans, « en remplacement » des médicaments destinés à lutter contre son caractère « trop impulsif » qu’on lui prescrivait dans un foyer car il ne les supportait plus. Aujourd’hui, il vit chez sa mère. Il s’occupe soigneusement de son chien. Il est en couple avec une jeune fille, qui loge elle-même dans un foyer. Gaël a été père à 16 ans pendant une précédente liaison, mais « l’enfant (avec lequel il n’a aucune relation) a été reconnu par quelqu’un d’autre ». Un certificat d’études générales fait tout son bagage scolaire. « Avec la Mission locale, j’étais en train de refaire ma carte d’identité et de prévoir de passer mon permis ». Il pensait se diriger vers un emploi de ripeur, tout « en attendant les vendanges ». Surtout, il se cogne à toutes les démarches courantes de la vie sociale. « Je ne savais pas comment me faire suivre ». S’il a bien accompli les TIG dont il a écopés à l’automne, il n’a pas cherché à soigner son addiction au cannabis comme il en avait aussi l’obligation. « Je n’ai pas de docteur, je ne connais pas Chaumont ». Il a vaguement voulu trouver un médecin parce qu’il a « un kyste en bas du dos », il aurait fait d’une pierre deux coups.

« Il faudrait que je m’occupe, en fait »

« Vous repoussez les problèmes en répondant à tout par « je ne sais pas comment faire » ». Or, poursuit la présidente du tribunal, « le conseiller d’orientation et de probation vous l’a dit ». Dans le box des accusés, Gaël fait tout ce qu’il peut pour expliquer qu’il n’a le mode d’emploi de rien. Avant d’insister. « Je ne sais rien faire ». Et son addiction au cannabis, qui le claquemure et lui vaut bien des ennuis renforce l’écho d’une trajectoire de plus de 14 ans à être bringuebalé. « Il n’y a pas de médicament miracle, il vous faudra de la volonté pour arrêter », prévient un assesseur. « Il faudrait que je m’occupe, en fait ». Le jeune prévenu, qui ne témoigne d’aucune arrogance, donne le sentiment « d’attendre qu’on fasse les choses pour (lui) ». Le procureur Adélia Bras-Abarri retient d’abord la récidive, rapide de surcroît, et requiert 18 mois ferme et la révocation de l’entièreté de son sursis probatoire, soit 3 mois de plus en prison. Un mandat de dépôt, aussi.

« On peut encore l’aider »

« Mon client rencontre des difficultés de taille depuis son plus jeune âge. À 14 ans, il est tombé dans les stups’ et, plus les années passent, plus on a envie d’en consommer. Aujourd’hui, il est à 3 grammes par jour, ce n’est pas rien… ». Pour Gaël, l’avocat Claudy Grosjean glisse que la mère au domicile de laquelle il vit « qui est très malade, ne peut pas travailler », alors oui, son client participe à remplir le frigo. « Ça n’enlève rien à l’infraction », convient aussitôt le conseil. Reste qu’il défend un jeune homme qui « n’a pas eu toutes les armes en main » pour grandir. « Il m’a dit qu’il voudrait rectifier le tir mais qu’il ne sait pas comment s’en sortir ». Oui, Gaël « sait qu’il va être condamné ». Toutefois, Me Grosjean sursaute en rappelant que le ministère public a requis 18 mois ferme. Si son client « ne veut pas sortir de prison par peur des représailles et il a raison, faut-il qu’il y reste 18 mois ? ». Son avocat, le croit, « on peut encore l’aider ». D’autant qu’en réalité, il fait le « commercial » en stups : « on lui met les produits à disposition, il les vend, on vient le soir récupérer la recette, dont il perçoit 600 € par mois… et il se retrouve au tribunal ». Que de dernier ait en tête que « ce n’est pas à la prison de Chaumont où ça circule qu’il sera sevré ». S’il voulait bien assortir la peine encore d’un sursis probatoire renforcé… « sinon, ce jeune homme pourrira en prison ».

« C’est votre dernière chance »

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné Gaël à 9 mois de prison dont 6 avec sursis probatoire pendant 24 mois, auxquels s’ajoutent les 3 mois du précédent, qui courait toujours au moment de son interpellation. Il a conjointement l’obligation de se soigner et de chercher un emploi ou une formation. En clair, Gaël est parti en prison pour 6 mois. La présidente du tribunal a pris le temps de l’explication. « À ce terme, il restera 6 mois de sursis au-dessus de votre tête. Je ne vous dis pas ça pour vous faire peur, mais pour que vous compreniez que c’est la dernière mesure de clémence dont témoigne la justice (à votre endroit). C’est votre dernière chance ».

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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