Surplace – L’édito de Christophe Bonnefoy
Et voilà comment par une bataille qui n’a plus rien à voir avec le sport, un “résultat d’analyse anormal” s’est transformé en permis de rouler. Le Tour démarre dans quelques jours, Christopher Froome sera sur la ligne de départ. Et évidemment, en favori. Mais sans doute pas en chouchou du public. Les organisateurs de l’événement, qui considéraient le coureur britannique comme indésirable, peuvent ruminer. Et même craindre que les 3 351 km de l’épreuve se courent au rythme de la suspicion.
Officiellement, le quadruple vainqueur est blanc comme neige. Mais dans pas mal d’esprits, il a du Lance Armstrong dans les veines. Les instances lui ont pourtant donné raison, sur la base de rapports d’une armée d’experts et d’avocats. L’Union cycliste internationale a décidé de ne pas le sanctionner, sur recommandation de l’Agence mondiale antidopage. Son taux excessif de salbutamol sur le Tour d’Espagne ? Une broutille finalement. Froome n’est pas un tricheur, un point c’est tout.
Reste que depuis l’affaire Festina en 1998 – ça fait 20 ans, tout de même ! -, la petite reine roule à reculons, si l’on peut dire. D’un côté, une majorité – on l’espère – de coureurs propres, qui ne doivent leur gloire qu’à leur abnégation et la force de leurs mollets. De l’autre, certains cyclistes qui viennent régulièrement ternir l’image de leur sport. Et au bout du compte : cette majorité indirectement salie par quelques individus.
Le Tour 2018 commence mal… avant même les premiers hectomètres. Comme d’autres Tours, ailleurs, il risque, encore une fois, d’être le symbole du surplace que font les instances antidopage depuis des années, même si elles affirment le contraire. Visiblement, la grande lessive est loin d’être terminée. Pour peu qu’on veuille vraiment la faire.