Surexcitation – L’édito de Patrice Chabanet
Comment en est-on arrivé là ? Il aura suffi d’une simple bougie pour mettre le feu aux poudres. A l’occasion d’une célébration de la fête juive de Hanouka à l’Elysée Emmanuel Macron en a allumé une. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une bronca dans notre pays déjà chauffé à blanc par des querelles perpétuelles à propos de tout et de n’importe quoi. Une remise en cause inexcusable de la laïcité, ont tonné des élus de tout bord. Vous vous rendez compte : une cérémonie religieuse au cœur de la République laïque… Le chef de l’Etat a eu beau expliquer que son geste était lié au souvenir de la Shoah, le mal était fait.
Cela en dit long sur l’état d’esprit ambiant. La priorité de nos dirigeants n’est plus de convaincre, mais de ménager les susceptibilités. Surtout, la religion est devenue un sujet hautement inflammable. Recevoir des rabbins européens à l’Elysée est pris pour une provocation, comme le serait la réception d’évêques ou d’imams. Or, faut-il le rappeler, la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est pas une injonction à rejeter la religion, mais une exhortation au respect mutuel.
Plus grave, il est à la fois ridicule et indécent de monter en épingle ce qui n’est même pas un incident. Des évènements plus graves font couler des rivières de sang en Ukraine et au Proche-Orient. Il ne faut pas s’étonner si le désintérêt pour la chose politique ne cesse de progresser. Ne parlons pas du débat sur les réseaux sociaux. A l’évidence, ceux qui y alimentent la polémique sur la bougie ne sont pas des lumières.