Surchauffe – L’édito de Christophe Bonnefoy
Évoquer la canicule, ce n’est pas parler de la pluie et du beau temps. Elle n’est ni l’une, ni l’autre. Elle rend le quo- tidien invivable. Elle alimente deux obsessions : se rafraî- chir et se désaltérer. Elle s’infiltre dans toutes les sphères de l’activité humaine. La SNCF, déjà pas mal secouée par plusieurs dysfonctionnements, craint pour ses rails qui se dilatent. Les hôpitaux, souvent en situation de rupture, ne sont pas toujours équipés pour lutter contre les pics de température. Des cen- trales nucléaires sont mises au ralenti pour ne pas transformer les fleuves censés les refroidir en bain-marie. Et les poussées d’ozone sont à nouveau là, menaçantes. Autant de phénomènes qui ont amené les pouvoirs publics à placer 67 départements en vigilance orange. Et cela, nous annoncent les météorologues, devrait durer jusqu’au milieu de la semaine prochaine.
Pour le moment, rien à voir avec la canicule de 2003 et ses 19 000 décès. Le gouvernement d’alors n’avait pas saisi l’ampleur de la catastrophe. La leçon a été retenue, et cela d’autant plus que les étés anormalement chauds sont presque devenus la norme. La situation, difficile à vivre, paraît encore sous contrôle. Les systèmes d’alerte sont mieux rodés et les plans d’urgence sont tout prêts. Notre pays devrait donc passer cet épisode sans trop de casse, du moins sur le plan humain. Pour le reste, les comptes seront faits plus tard. En agriculture, la viticulture peut tirer son épingle du jeu, du moins sur le plan qualitatif, mais la production de fruits et de maïs risque d’être pénalisée.
Ce sont surtout les perspectives à long terme qui doivent nous interroger. La France n’est pas la seule à transpirer. Plus d’une centaine de morts au Japon. Les glaciers de Norvège perdent en ce moment 14 centimètres par jour. Au train où va le réchauffe- ment climatique, il ne faudra pas seulement accélérer l’équipe- ment des hôpitaux et des maisons de retraites en brumisateurs, mais revoir notre mode de vie. Faute de quoi, nos étés se trans- formeront en supplices au coût exorbitant.