Sur un autre ton – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est symbolique. Ça n’est que symbolique, pourrait-on d’ailleurs déplorer. Mais parfois, les symboles sont au moins aussi forts qu’un texte de loi. Et mettent à peu près tout le monde d’accord.
Ce qui était auparavant nommé “homicide involontaire” en matière de délinquance routière va devenir “homicide routier”. Elisabeth Borne l’a confirmé ce lundi, tout en précisant que le quantum des peines devrait rester identique. On est donc bien ici dans le symbole.
Mais de manière implicite, on rend là aux victimes leur statut plein et entier. On passe quasiment, dans le domaine de l’accidentologie, du constat d’un malheureux hasard à la reconnaissance d’une réelle responsabilité de ce qu’il faut bien appeler des chauffards.
Comment en effet accepter parfois ce côté “involontaire” d’une mort ou de graves blessures, lorsque la victime n’avait rien demandé à personne ? Et surtout pas de croiser un jour un conducteur irresponsable et/ou sans permis, alcoolisé ou sous l’effet de drogues ? Autrement dit, un automobiliste qui en théorie connaissait parfaitement les potentielles conséquences de ses errements ? Jamais évidemment, on n’imaginera qu’un conducteur ait voulu intentionnellement tuer ou blesser. En revanche, cette nouvelle dénomination confirme ce qu’on sait déjà : on ne conduit pas lorsqu’on a bu plus que de raison ou qu’on est sous l’emprise de cannabis ou autre substance illicite.
D’ailleurs en matière de stupéfiants, la Première ministre a choisi, pour le coup, de mettre le symbole de côté et de frapper fort, en rendant automatique la suspension de permis en cas de conduite sous l’emprise de drogues. Voilà qui règlera le débat sur la dangerosité, ou pas, de la conduite sous l’effet de cannabis ou cocaïne, entre autres. Les victimes, elles, n’ont pas le choix. On ne leur laisse pas celui de pouvoir se poser la question.