Sur le terrain – L’édito de Christophe Bonnefoy
Rien de tel qu’une visite de terrain, qu’un bain de foule, pour prendre le pouls d’une population. D’un pays, pourrait-on presque dire. Mais Emmanuel Macron s’attendait-il, hier, à l’accueil qu’il a reçu ? Sans animosité, ou presque ? Les insultes n’ont pas volé à Bourtzwiller, zone sensible de Mulhouse, mais le quotidien des habitants, parfois douloureux, s’est tout de même invité dans les échanges avec le chef de l’Etat, lors de discussions qui ont pu apparaître tendues. Respectueuses néanmoins. Entre sourires, à certains moments. Et larmes, à d’autres. La raison du déplacement présidentiel, elle, n’était pas forcément celle qu’avaient envie d’évoquer dans l’instant les gens du quartier en ce 18 février.
Le président de la République était ainsi venu parler “séparatisme islamiste”, nouvelle formule trouvée pour évoquer le communautarisme. Il a dû répondre à des questions très terre à terre. Sur l’emploi notamment. Plus largement sur les difficultés à s’en sortir au jour le jour.
Bien sûr, dans cette France qui galère ou pour le moins a du mal à se sentir bien dans ses baskets, tous les sujets sont liés. Plus ou moins. Qui plus est, la lutte contre le communautarisme n’est pas de ces thèmes qui doivent être éludés. C’est tout le sens des annonces faites hier en fin de journée par le chef de l’Etat. Mais pas sûr qu’elles aient été vraiment entendues, non parce qu’elles tomberaient à côté, mais plutôt parce que le moment serait mal choisi. L’opposition s’est d’ailleurs très vite engouffrée dans la brèche, en dénonçant, à quelques semaines des municipales, une sorte d’opportunisme politique. D’effet d’annonce, presque. La politique ne serait-elle donc pas qu’une affaire de contenu, mais aussi de timing ?