Sur des œufs – L’édito de Christophe Bonnefoy
On marche sur des œufs. Et par la force des choses, on est bien obligé de jouer sur les mots. Quelques jours après l’affaire qui vaut à un policier d’être mis en examen pour avoir – intentionnellement ? – renversé un scooter en fuite, chacun y va, plus ou moins prudemment, de son analyse. Forcément, rouler à trois sur un deux-roues est interdit. Evidemment, ne pas porter de casque – pour l’un des passagers – est répréhensible. Bien sûr, chercher à échapper à un contrôle est hors des clous de la loi.
Mais chacun trouvera dans ce fait divers ses arguments propres. Les uns affirmeront que lorsqu’on joue avec les lois – et avec sa propre sécurité et celle des autres, en l’occurrence -, on s’expose au drame. Les autres avanceront le prix de la vie : rien ne justifie, quels que soient ses actes, qu’on puisse venir risquer de vous l’ôter.
Vaste confrontation de points de vue, qui vient se greffer sur le phénomène des rodéos urbains qui rend insupportable le quotidien d’une majorité, à cause d’une minorité.
Les yeux se tournent ainsi tout naturellement vers l’Angleterre. Là-bas, la question a été tranchée, avec le recours au “contact tactique”. C’est là que les mots entrent dans la danse. Contact tactique, comprenez “renverser le fuyard”. La méthode, même chez nos voisins qui ont choisi d’en faire la norme, ne fait pas l’unanimité et, tout aussi naturellement que chez nous, divise avec peu ou prou les mêmes arguments que dans l’Hexagone.
Eric Zemmour a choisi ce dimanche de se positionner en faveur du principe. On n’en attendait pas moins de lui. Seule nuance : sous condition. Histoire de ne pas passer pour le défenseur des solutions extrêmes et inacceptables. Au final, l’idée est simple dans sa bouche : ne plus faire des délinquants des victimes et des policiers des agresseurs.
Une musique que l’on a déjà entendue, entre autres pendant les manifestations contre la réforme des retraites, alors que les violences venaient émailler les débuts de cortège. Et que l’on entendra encore. Elle s’inscrit, pour le coup, dans un véritable débat de société. Et politique, ça va de soi.