Stratégies foireuses – l’édito de Patrice Chabanet
C’était couru d’avance. Le projet de loi sur l’immigration a été lourdement censuré par le Conseil constitutionnel. Trop de « hors sujet », aurait dit un prof à ses élèves. La droite et, surtout, l’extrême droite avaient cru bon de charger la barque. Des stratégies foireuses, il faut le dire. Mais les Sages de la rue de Montpensier ont scanné le texte. Ils ont découvert des « cavaliers » qui n’avaient rien à voir avec le fond du projet comme, par exemple, les références à la préférence nationale ou la caution demandée aux étudiants étrangers. Plus grave : la mise entre parenthèses du droit du sol dans certaines dispositions portait atteinte à ce qui constitue la colonne vertébrale de notre Constitution.
Il est difficile d’établir le bilan politique de ce désaveu venu du sommet, des gardiens du temple législatif. La gauche et l’extrême gauche se sont réjouies. La droite et l’extrême droite ont essuyé un sérieux revers. Entre les deux, la majorité ne peut que rire jaune, car il n’est pas très glorieux d’avoir porté un projet de loi dont elle savait que le Conseil constitutionnel le taillerait à la hache. Emmanuel Macron lui-même n’avait pas caché sa certitude que le texte profondément modifié par la droite serait rejeté.
Inutile de dire que le débat va s’amplifier sur un autre front. Dès hier, droite et extrême droite ont demandé l’organisation d’un référendum sur l’immigration. D’épiques débats en perspective. Un défi de plus pour Gabriel Attal confronté à la crise paysanne, dont on voit bien qu’elle est lourde de menaces et qu’elle recèle des germes de violences. L’exaspération monte un peu plus chaque jour.