Stop ou encore – l’édito de Patrice Chabanet
Combien seront-ils ? 600 000 personnes au moins, prévoient les syndicats qui organisent aujourd’hui leur 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. La date n’a pas été choisie au hasard : deux jours avant un débat parlementaire à hauts risques pour le gouvernement. Tout se jouera à quelques voix. C’est dire si la pression de la rue sera examinée à la loupe, ne serait-ce que pour savoir si elle peut influer sur le vote des parlementaires encore hésitants.
Autre question : cette nouvelle journée de mobilisation constitue-t-elle un baroud d’honneur ou un nouveau démarrage de l’action syndicale ? En d’autres termes, stop ou encore ? Les faibles perturbations prévues dans les transports publics paraissent indiquer un essoufflement du mouvement. Il est toujours difficile de relancer la machine revendicative après des semaines de pause et à quelques encâblures des congés d’été. Les têtes sont ailleurs.
Pour autant, il serait hâtif de ramener les manifs d’aujourd’hui à un simple rituel en voie d’épuisement. Il y a encore une large majorité de Français en faveur du mouvement : 57%, selon le JDD. C’est une armée de réserve pour la rentrée sociale que l’on annonce toujours comme « chaude ». Pour une fois, elle pourrait l’être. Il en est de la contestation comme de la vie sociale. Elle a besoin de se mettre au vert pour reprendre des forces. L’ouverture de nouveaux dossiers comme l’immigration ou le logement ne sauraient faire oublier le plat indigeste des retraites. Son bien-fondé a été mal expliqué. Un vice rédhibitoire.