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Stockage des déchets radioactifs : des machines pour remplacer les hommes

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« Les tests ont permis de valider le principe et le fonctionnement du pont stockeur », explique Yves Lorillon, ingénieur à l’Andra.

Le stockage de déchets radioactifs de Cigéo exclut toute présence humaine à côté des conteneurs. Pendant un an, près du Creusot (Saône-et-Loire) l’Andra a donc testé un pont stockeur automatisé pour les déchets de moyenne activité et les robots chargés de les inspecter.

Imaginez-vous à 500 m sous nos pieds, quelque part à la lisière de la Meuse et de la Haute-Marne, dans les environs de Bure. Nous sommes en 2035 ou 2040 et les premiers déchets radioactifs doivent être réceptionnés par Cigéo. Des déchets de moyenne activité à vie longue. Les plus dangereux arriveront beaucoup plus tard, vers 2080. Transportés sur site par train, les colis enfermés dans leur enceinte blindée sont installés sur un funiculaire (dont un prototype a été testé à Froncles).

Trente minutes plus tard, les voici dans les entrailles de la terre, à l’entrée de la cellule de manutention. C’est de là qu’ils doivent rejoindre leur dernière demeure, une galerie de 8 m de diamètre et de 600 m de long.

Lentement et sûrement

Mais, débarrassé de leur protection blindée, les colis dégagent beaucoup trop de radioactivité pour être approchés par l’homme. Alors comment les installer au fond de leur galerie ? Via un pont stockeur entièrement automatisé, que l’Andra a testé, tout au long de l’année 2023, dans un entrepôt de la banlieue du Creusot, en Saône-et-Loire. Il s’agit d’un pont roulant, de 7 m de haut sur 5 m de large, capable de manipuler un colis pouvant aller jusqu’à 16.5 t. « Ici, on est à l’échelle 1 du stockage », souligne Yves Lorillon, ingénieur process mécaniques à l’Andra. « Il y a juste la longueur qui diffère, puisque ce démonstrateur ne mesure de 40 m. »

Sur le principe, rien de bien différent d’un pont roulant tel qu’on peut en voir dans nombre d’usines. Le colis en béton est soulevé par deux fourches similaires à celles d’un chariot élévateur. Après une rotation pour se mettre dans le sens de la marche, le pont avance. Lentement, très lentement même, pour limiter au maximum les risques de chute. « En charge, il va à 10 m par minute. En phase d’approche de son emplacement, il ralentit à 5 m par minute et pour son positionnement dans l’une des trois couches de colis du stockage, on passe à 1 m par minute », souligne Yves Lorillon.

Un positionnement d’une précision impressionnante, de plus ou moins 5 mm. Deux fois mieux qu’espéré avant les tests. Des essais qui ont aussi permis de valider la capacité du pont stockeur à récupérer des colis en cas de besoin. La fameuse réversibilité du stockage.

Des robots pour surveiller le stockage

Cette expérimentation du pont stockeur a aussi permis de tester différents outils d’inspection des colis. On le rappelle, la dangerosité des déchets de moyenne activité à vie longue interdit toute intervention humaine dans les galeries de stockage. Ce sont donc onze petits robots qui seront chargés du sale boulot. Parmi eux, “l’outil rideau”.

Développé par la branche Expertises nucléaires de Bouygues constructions, il peut circuler à peu près partout, notamment dans les interstices laissés entre les colis. « Cela nous permet d’observer l’état général des colis, la température, le niveau de radioactivité… », insiste Yves Lorillon. Il y a même des micros pour repérer d’éventuels craquements, synonymes de fissures à venir. Des petits robots dirigés depuis la surface, grâce à une simple manette de jeu vidéo !

Si les robots et le pont stockeur testés au Creusot ne sont que des prototypes, ils donnent tout de même une bonne idée des outils qui seront utilisés dans les 22 alvéoles de stockage de déchets de moyenne activité à vie longue de Cigéo. Des outils qui, une fois utilisés dans les galeries, seront démontés et rapatriés à la surface, où ils seront pris en charge… comme des déchets radioactifs.

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr

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