Stephen Boyer : « une fin de cycle en or ! »
Hier, à Palestra, l’ex-Cévébiste Stephen Boyer est venu présenter sa médaille d’or obtenue de haute lutte avec ses partenaires de l’équipe de France lors des Jeux olympiques de Tokyo. Un vrai beau moment de partage.
Bruno Soirfeck, le président du CVB 52 HM, a entièrement raison. Quand on vient de Pologne dans la nuit et que l’on repart le soir même, le club de cœur de Stephen Boyer ne fait aucun doute, c’est Chaumont ! Hier après-midi, près de 200 personnes étaient présentes dans les tribunes flambant neuves de Palestra pour la réception de “leur” héros. Celui qui, pendant trois saisons, a porté les couleurs du CVB 52 HM, est depuis peu champion olympique ! Un titre et une médaille d’or conquis au terme d’une compétition complètement folle, à Tokyo. Avant de rejoindre son nouveau club, Jastrzebski Wegiel, champion polonais, et deux autres champions olympiques, Benjamin Toniutti et Trévor Clévenot, l’ex-pointu de Chaumont a multiplié les selfies, les photos et les dédicaces, avant de revenir sur cette belle aventure.
Le Journal de la Haute-Marne : Comment se retrouve-t-on de Tokyo à Chaumont en passant par la Pologne ?
Stephen Boyer : « En passant par l’Italie aussi ! On est rentré le 10 août, encore sur le petit nuage olympique de champions. Difficile de redescendre, mais en même temps de rester sur ce petit nuage tellement c’est beau. On va d’ailleurs y rester pendant trois ans. On a eu un peu de temps de repos et c’est l’heure de recommencer. »
JHM : On a vraiment l’impression que le CVB 52 HM est votre club de cœur. Est-ce que les supporters ont une chance de vous revoir à Chaumont ?
S. B. : « C’est un peu tôt pour le dire. On ne sait jamais ce que réserve la vie. Peut-être qu’un jour je reviendrais. Je pense que si je dois un jour revenir jouer en France ce sera à Chaumont. Pour le club, pour la ville, pour les gens. C’est vraiment un endroit ou je me suis senti bien pendant trois ans. Je garde que des bons souvenirs. Je rentre à Chaumont dès que je peux. J’ai toujours des amis ici. C’est vraiment des relations particulières que j’ai créées ici. »
JHM : Comment trouvez-vous cette nouvelle salle au Palestra ?
S. B. : « Je préfère Jean-Masson ! J’espère que l’esprit de Jean-Masson pourra se transmettre ici. Aujourd’hui (hier), cela fait plaisir de retrouver du public dans les gradins. Cela faisait un petit moment que ce n’était plus le cas… Je suis content de leur présenter ma médaille. C’est un plaisir d’être ici. »
« Une belle expérience »
JHM : Parlons des Jeux Olympiques. Comment avez-vous vécu cette compétition au Japon, sans spectateurs ?
S. B. : « C’est la deuxième fois que j’allais au Japon. Cette fois, nous ne pouvions pas sortir du village. On ne pouvait rien faire. Cela fait un peu bizarre. Les athlètes, contrairement aux autres JO, ne pouvaient pas rester jusqu’à la fin. Ils devaient partir lorsque leurs compétitions étaient terminées. Malgré la Covid-19, cela a été une belle expérience. »
JHM : Comment cela s’est passé avec les autres sportifs ?
S. B. : « Les Français étaient tous dans le même bâtiment. Du coup, on se croisait assez souvent. Les sports collectifs ont fait une belle compétition, et à chaque fois, on se félicitait. Il y avait une superbe entente. Des gars comme Karabatic ou Monfils, je les regardais à la télé et là, ils nous félicitent ! »
JHM : Est-ce que le match de poule, contre le Brésil, où vous gagner un deuxième set, synonyme de qualification pour la suite de la compétition a été le déclic pour l’équipe de France ?
S. B. : « Nous, en vrai, cela a été le match d’avant contre la Russie. On gagne, après avoir perdu contre les Etats-Unis, une victoire contre la Tunisie et une défaite contre l’Argentine. On était dos au mur. On avait qu’une seule petite chance et c’était celle-là. On a commencé à jouer, on s’est libéré, en étant plus relax et voilà. On a gagné et on s’est qualifié et après, cela a vraiment commencé en quarts de finale. »
« Beaucoup de sacrifices »
JHM : Comment expliquez-vous ce début de compétition plutôt délicat de la part de l’équipe de France ?
S. B. : « Je ne sais pas… On a un peu de mal à rentrer dans les compétitions, on est reconnu pour ça, mais dans les matches lors des débuts de sets. Je ne sais pas si c’est un manque d’agressivité, je ne pense pas. Les Américains nous avaient pris à la gorge et c’était vraiment très difficile. S’ils avaient joué comme ça toute la compétition, ils seraient arrivés très, très loin. Ils ont fait un super match. On a su l’accepter et passer à autre chose et jouer à notre niveau. »
JHM : Vous avez fait une compétition de “dingue”, certains médias vous ont surnommé les “dingos”. Qu’en pensez-vous ?
S. B. : « J’imagine comment on nous voit de l’extérieur, mais nous, à l’intérieur, c’est avant tout une bande de potes. On peut compter les uns sur les autres. On est un peu foufou, mais c’est une bande de potes qui travaillent, qui bossent ensemble et qui veut la même chose. On s’est préparé depuis le 14 mai. Il y a eu des moments difficiles, sans les proches. Cette médaille d’or est le meilleur cadeau que l’on puisse avoir. Au moment du titre, il y a une libération. Toutes les émotions remontent, après beaucoup de sacrifices. Même le staff pleurait. »
JHM : C’est la fin d’une campagne, avec votre sélectionneur, Laurent Tillie. On a l’impression que vous vouliez également qu’il parte avec une médaille.
S. B. : « C’est une fin de cycle en or ! Je suis content pour lui que cela se finisse comme ça. Il a été ému. On l’a vu après, pas forcément devant les caméras. Ce n’est que du bonheur avec le groupe, tout le staff, d’avoir vécu cette compétition, les JO et la médaille d’or. »
JHM : Cette médaille d’or va-t-elle avoir une place particulière dans votre armoire à souvenirs ?
S. B. : « L’or aux Jeux, c’est le plus gros souvenir qu’un sportif puisse rêver. C’est sûr qu’elle aura une place particulière parmi toutes les médailles. Elle sera au-dessus des autres. C’est une fierté, une récompense. »
JHM : La présélection pour l’Euro (1er au 19 septembre) est tombée. Vous n’êtes pas dans la liste des dix-huit. Est-ce une déception ?
S. B. : « Non. On a eu une conversation avec l’entraîneur. Ce n’est pas une déception. C’est pour l’année prochaine. On recommencera avec les stages et les sélections. Ce sont des choix et voilà. »
JHM : Un mot sur le nouveau sélectionneur de l’équipe de France, le Brésilien Bernardo Rezende. Avez-vous envie de travailler et de jouer avec lui ?
S. B. : « Oui, au regard de la carrière qu’il a, c’est sûr que cela donne envie de voir ce que cela va donner. Il faut voir aussi ce que cela va donner après également un changement de staff. Que ce soit lui ou un autre, on a toujours hâte de voir comment cela va se passer avec un nouveau staff. On verra. Ce qui est sûr, ce qu’il vient pour gagner. »
JHM : La France peut-elle faire le doublé, JO/Euro ?
S. B. : « Le Brésil l’a fait. Ce n’est pas impossible. C’est faisable. »
Propos recueillis par Yves Tainturier