Stéphane Royer, le facteur X
Il arrive tranquille au rendez-vous, presque surpris qu’on s’intéresse à l’histoire. Depuis janvier 2022, le Chaumontais Stéphane Royer est de retour dans le monde du triathlon. Alexia Bailly lui a demandé de devenir son entraîneur. Plutôt de le redevenir. En 2011, c’est avec lui que la triathlète chaumontaise est devenue championne de France juniors de la discipline. Le dernier titre à son palmarès.
» Je ne fais que l’accompagner, dans le cadre du CMES (Centre de Médecine et d’Evaluation Sportive basé à Chaumont). Ce n’est pas moi qui fixe le projet « , modère-t-il. N’empêche, à ses côtés, l’athlète a grandi au point de faire partie des toutes meilleures des catégories jeunes, un statut conforté par deux titres de championne de France de duathlon en cadettes et juniors, et un autre en triathlon, chez les juniors, en 2011. Stéphane Royer était alors coach à l’ECAC.
Si elle est venue le (re)chercher en début d’année, ce n’est donc sûrement pas un hasard. « Quand elle m’a appelé, ses résultats ne correspondaient pas à ses attentes au regard de son investissement, raconte-t-il. On a échangé et on a fait un deal : définir des objectifs ciblés et, surtout, aller tous les deux dans le même sens ».
Chaque semaine, Stéphane Royer envoie donc ses séances, à distance. Après chacune d’elles, Alexia Bailly formalise ses impressions. Des outils connectés lui transmettent également des retours chiffrés et des données physiologiques.
Le coach est connu pour être exigeant. Il l’est d’autant plus que la demande vient de son athlète. « Alexia se faisait manger par le projet des autres. Aujourd’hui, tout l’entraînement tourne autour d’elle et de ses performances. Même si 80 % de ses séances se font en solo et que c’est dur, ses efforts paient », remarque-t-il.
Une connexion évidente
Alexia n’est plus junior. Elle n’est plus non plus triathlète amateure. « Il faut donner du sens, faire passer le bon message. Mon travail, c’était aussi de la remettre dans le jeu, lui faire retrouver l’opposition dans le triathlon. Sur les courses, elle était souvent seule sur le parcours. Désormais, elle joue les podiums », se réjouit-il.
Depuis le départ, Stéphane Royer n’a eu de cesse de légitimer le projet de son athlète. Il connaît ses qualités. Il loue aussi « son envie et sa capacité de travail ». « Pour moi, c’est même ça, le plus gros talent. Etre pro en triathlon, c’est une philosophie de vie et une passion, avant d’être une source de revenus », confie-t-il. Une passion qu’il partage, à distance et parfois au milieu de la nuit. « Il m’est arrivé de recevoir des sms à 5 h du mat’, alors que je me préparais pour une course quelques heures plus tard. Je me suis dit » Mais qu’est-ce qu’il fait debout à cette heure-ci, il est plus stressé que moi ! » », se souvient Alexia Bailly, amusée.
Ces deux-là sont connectés, au propre comme au figuré. Et c’est sans doute l’une des clés du succès de leur(s) collaboration(s). Inexplicable mais palpable. En mai, Alexia Bailly a décroché son premier podium professionnel à Aix, avant d’enchaîner sur une deuxième place en Vendée, qui lui a (r)ouvert les portes d’une sélection en équipe de France.
Delphine Catalifaud