Stalinisme pur jus – l’édito de Patrice Chabanet
Alexeï Navalny, opposant affirmé à Poutine, persiste et signe. Détenu depuis l’an dernier dans une « colonie pénitentiaire », version modernisée du goulag, il continue à dénoncer le système politique en vigueur en Russie. Il vient d’en prendre 10 ans de plus pour « extrémisme ». Un mot valise dans l’univers poutinien qui permet de laminer méthodiquement tout germe d’opposition. Les pays occidentaux ont immédiatement condamné une décision judiciaire pilotée de toute évidence par un maître du Kremlin figé dans son néo-stalinisme. Mais il en faudrait beaucoup plus pour ébranler les certitudes de l’intéressé.
Soyons positif malgré tout. La lourde condamnation de Navalny est un aveu de faiblesse d’un pouvoir aux abois. La Russie qui a déclenché une guerre qu’elle persiste à appeler « opération spéciale » s’y embourbe. Une humiliation pour le pays longtemps considéré comme la deuxième puissance militaire du monde. Alors, Poutine se venge comme l’avait fait Staline avec les sinistres procès de Moscou de 1936. A ce jeu, il n’est pas sûr de gagner. Les Ukrainiens lui font régulièrement mordre la poussière. Dernier exemple en date : un navire russe sérieusement endommagé par un drone naval ukrainien dans une base navale en mer Noire. Plus Kiev engrange du matériel militaire occidental, plus l’armée russe s’expose à de nouvelles déconvenues. Ce n’est pas en s’acharnant contre des détenus emblématiques qu’elle renversera la vapeur. Reste toujours le coup de folie possible avec l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, comme le menace l’ancien président Dmitri Medvedev. On n’en est pas encore là…